vendredi 17 février 2012

Colera le bien nommé !

14 février : Nido > Colera, camp 3 – 6000 m


Après une nuit difficile, comme attendu – difficulté d’endormissement puis oppression respiratoire génératrices de cauchemars épouvantables – le jour se lève enfin dans notre tente envahit par le givre qui retombe en fine « neige » sur nos duvets. Moins 18° dehors, moins 5 à l’intérieur.
Petit dej à l’étroit dans notre « capsule spatiale » (tente 3 places), porridge et thé insipide après les contorsions d’habillage.
Nous sortons de l’ombre quand les premiers rayons du soleil distillent un semblant de chaleur réconfortante sur un paysage à couper le souffle, chapelet de sommets de plus de 5000 m entre lesquels « coulent » de spectaculaires glaciers dont les craquements nocturnes participent à la magie de l’atmosphère.
Le temps de démonter le bivouac à toute petite vitesse dans un air glacial, nous quittons Nido vers 11h pour le camp supérieur « Colera », ultime étape avant notre tentative d’ascension finale.
Approche éprouvante sur des pentes abruptes, pierreuses et glacées dans un décor d’une puissance brute et sauvage.

Nous approchons des 6000 m et le souffle déjà court se fait encore plus saccadé. Chaque pas demande un effort. Devant moi je vois Claude à la peine. Accroche-toi Claude ! ai-je envie de crier, mais n’en ai même pas la ressource, totalement absorbé par mon propre combat.

Nous atteignons Colera le bien nommé vers 17h, petit plateau inhospitalier balayé par des vents sibériens au pied du sommet quelques 1000 m plus haut.
Le temps se gâte et notre priorité immédiate est de monter le bivouac pour se protéger des éléments hostiles, très fortes rafales accompagnées de grésil. Nous sommes épuisés et le montage est laborieux. Chaque geste est un effort, un essoufflement, une asphyxie, à en perdre par instant toute notion de temps et de lieu… étrange.
Il faut manger. Même pas faim, mais pas le choix, demain nous tentons l’assaut final : réveil prévu à 4h par moins 25° peut-être sous les bourraques. Il ne faudra pas perdre une seconde avant de partir au risque de geler sur place.

Au moment du briefing Claude nous annonce sa décision de ne pas tenter l’assaut final, fatigue accumulée et prévisions météo difficiles l’ont amené à prendre cette sage et « chevaleresque » décision qui augmente les chances de succès d’une équipe réduite à 4 : Yves, Ivan notre guide, Bruno son assistant et moi.

Dernier check médical réalisé par Ivan dans le cadre le cadre d’une étude sur les effets de l’altitude pour laquelle nous sommes les cobayes : tout est OK. Ne reste plus qu’à souhaiter que la météo ne contrarie pas notre projet…

Je termine cette rubrique à la frontale dans la tente assaillie par de violentes rafales sous une température polaire. Il est temps d’essayer de dormir un peu, moment que j’appréhende le plus depuis le début de cette expédition tant il est difficile de trouver le sommeil réparateur à ces altitudes. Au moins la nuit devrait être courte !


2 commentaires:

Marinette Le Roux a dit…

Enfin de vos nouvelles ...
Pas sympa la météo... qui ne vous facilite pas la tâche.
Un seul mot: Bravo.
Bises à tous
Marinette ...
qui attend la suite ...

jotreau françoise a dit…

bravo à toi,Fred. Je suis super contente que l'un de vous ait réussi.
Profitez bien, tous, de ces journées de récupération au soleil.
je ne vous enviais pas jusque là mais, là, je partagerai bien une petite bière au soleil, avec vous.
amicalement.
Françoise