mercredi 8 février 2012

Acclimatation

Petite nuit pour ce premier bivouac. En fait nos duvets d’altitudes sont beaucoup trop chauds compte tenu de la température extérieure encore clémente en cette saison. 4° cette nuit pour des duvets prévus à moins 20° en température de confort… Pas facile de trouver son aise : trop chaud fermé, trop frais ouvert. Un détail qui devrait vite se régler…

Nous débutons notre marche d’acclimatation vers 9h après un copieux petit déjeuner. Départ tranquille au creux d’une vallée d’altitude montant doucement vers la face sud de l’Aconcagua. A cette heure encore matinale la lumière rasant les lignes de crêtes donne au paysage de belle couleurs chaudes entre les zones d’ombre encore gelées. Ecarts de température saisissants lorsque la caresse du soleil est encore masquée par les reliefs environnants. Nous marchons doucement, dans un silence à peine rompu par le crissement de nos pas sur les cailloux et le gazouillement matinal des oiseaux, longeant le torrent qui s’écoule du glacier en amont. De temps à autres des effluves sulfurées s’échappent du relief où s’écoule une eau chargée d’oligo-éléments, sources autour desquelles se développe une étonnante végétation sur un sol saturé de minéraux aux irréelles couleurs vives, bleu, vert, orangé, gris, noir, dessinant d’étranges motifs d’un tableau de peinture contemporaine.

Nous rejoignons maintenant le glacier que nous longeons rive gauche, énormes quantités de matériaux charriés par les millions de mètres cube de glace et roches mélangées descendant de l’Aconcagua, écoulement dont la puissance n’a d’égale que sa lenteur. Tel un énorme serpent repu, le monstre frémit régulièrement en creusant son impressionnant sillon. Au détour d’une courbe du relief apparait soudain la face sud du géant Aconcagua, impressionnant aplomb de roches brutes et chutes glaciaires sur plus de 3000 m. Comme hypnotisés par cette vision spectaculaire nous continuons notre progression en direction de l’imprenable forteresse dont certains aspects font aussi penser à une cathédrale Gothique puissance 100. Ne manque plus que le son des grandes orgues pour démultiplier l’intensité de l’émotion ressentie à cet instant.

Un coup d’œil sur l’altimètre : 4055 m. Nous venons sans problème de franchir la barre des 4000 m, une première pour Bruno. L’équipe fonctionne à merveille. Comblés par ce spectacle grandiose nous prenons la pause dans ce décor extraordinaire, modestes visiteurs de cette nature d’une autre dimension.
La redescente vers Confluencia est une formalité vite avalée sous un soleil de plomb et un vent soutenu. A l’arrivée contrôles médicaux pour tout le monde : tension artérielle, fréquence cardiaque et saturation d’oxygène dans le sang. RAS. Nous pouvons donc continuer ; ce dont personne ne doutait évidemment…


Demain très longue journée pour rejoindre le camp de base pour l’Aconcagua, Mulas, perché à 4400 m.

3 commentaires:

Antoine a dit…

C'est un vrai plaisir de pouvoir suivre une telle aventure !
Une petite question me taraude : comment faites-vous (d'un point de vue matériel) pour poster ces articles au beau milieu d'une randonnée en haute montagne ?

Fred Grimaud a dit…

et bien tu trouveras réponse et explication dans la chronique du 9/02...

Antoine a dit…

En effet ! Merci pour ce beau récit que vous nous offrez.