samedi 10 août 2019

Rêveries sur les îles Lofoten

Etrange impression quand, tel un linceul, la brume de mer envahit les îles Lofoten. La lumière nocturne diaphane donne alors au paysage des allures fantomatiques propices à la naissance de contes millénaires. Ou, lorsqu’entre deux îles, le mouvement de marré génère d’impressionnants maelströms, tourbillons géants au milieu desquels on croit distinguer d’effrayants monstres marins. Ou encore, quand à la saison des aurores boréales, le ciel fluorescent dessine d’étranges vagues célestes entrainant les esprits vers d’improbables odyssées stellaires.

Pas étonnant que tant de légendes soient nées ici, creuset de l’éphémère civilisation Viking, celle-là même qui, 500 ans avec Christophe Colomb, avait atteint par voie maritime le continent Américain.

Et nous sommes là, assis face à l’océan, tout à nos rêveries voyageuses, profitant de la belle lumière sur ces paysages aux perspectives uniques de mer et montagne mêlées.
Imaginez les vallées alpines transformées en fjords où serait nichés des villages de pêcheurs dominés par des sommets acérés. Et au large, comme en lévitation, des chapelets d’îles sur une invisible ligne d’horizon tant se confondent ciel et mer. Rien à ajouter ni à enlever. Juste la perfection de panoramas à couper le souffle, sublimés par un éclairage parfait. Qu’aurait bien pu peindre Gauguin, Cézanne ou Van Gogh s’ils s’étaient arrêtés là ?
 
Plus rien d’autre n’a alors d’importance que de se laisser porter par l’instant, connectés aux ondes positives de l’univers. Nous sommes là sans plus vraiment y être. L’esprit s’évade, évacuant les résidus de stress inutiles. On ne s’appartient plus complètement, retraçant le cours de nos vies pour les remettre en perspective et tenter de redonner l’élan pour le temps qui nous reste. Dieu que c’est bon !

Me voyant complètement perché, j’en vois qui s’disent qu’il est temps de redescendre sur terre, inquiets d’effets hallucinogènes provoqués par l’ingestion de quelque substance psychotrope. Peut-être les vapeurs d’essence du réchaud de camping Coleman tout juste sortit pour « cuisiner », à moins que ce ne soit les effets de rations de survie hors d’âges emportées au cas où.
    - Au cas où quoi ?
-       - Ben au cas où l’envie nous prendrait de nous arrêter maintenant, exactement là. Et pas ailleurs. Juste par ce que c’est beau et que nous n’avons de compte à rendre à personne.
    - T’as raison. Arrêtons-nous là.
-        - Tu prends quoi ? Gratin Dauphinois ou Bœuf au riz ?

 


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