jeudi 15 août 2019

Pour quelques secondes d'éternité

De loin on distingue une large saignée dans la forêt se terminant sur une vaste prairie. Puis en approchant ce sont en fait 2 pistes parallèles, plus exactement les 2 tremplins de saut à ski, 136 et 90 m, construits pour les JO de Lillehammer.


Vu de face, finalement rien de plus impressionnant qu’une piste noire bordée de marches métalliques. Tien, en haut du tremplin des petits bonshommes en combinaisons multicolores qui s’agitent. C’est vrai qu’ils ont l’air loin et haut… Mais bon, c’est la montagne.

Sous un ciel moutonneux on attaque gaiement la montée à pied.
A la 217ème marche, peut-être la 218, comme un chuintement venant du haut, suivi d’un bruissement d’air au-dessus de nos têtes. Un des petits bonshommes aperçus plus tôt qui passe dans le ciel, tête en avant, corps parfaitement aligné presque à l’horizontal, bras légèrement décollés au bout desquels les doigts semblent agir comme des ailerons pour équilibrer le saut, jambes écartées sur de longs et larges skis positionnés en V.
-       -  Wahou, t’as vu ça !
A peine remis de notre surprise, un 2ème, puis un 3ème. Presque incroyable. Et cette impression tellement différente de ce que nous voyions à la télé.
Nous continuons l’ascension. Les sauts, je devrais dire les vols, se succèdent. Instants de grâce et de maîtrise absolue qui nous laissent sans voix.

A la 453ème marche on se retourne sur une vertigineuse perspective le long de cette pente à plus de 37%. Comme un gouffre ouvert sous nos yeux. Nous voyons maintenant passer les skieurs – comment faut-il les nommer – tels les flèches décochées par une arbalète, puis s’envoler au bout du tremplin pour atterrir en douceur quelques 100 plus bas. Hallucinant !

812ème marche, nous arrivons à la hauteur de la prise d’élan. En fait le point de non-retour.
Regarder vers le bas donne alors la chair de poule et fait flageoler les jambes. Ce n’est plus du vertige mais de la peur. Comment ces athlètes peuvent avoir le courage de s’élancer de la sorte ? A chaque essai rien pour les s’arrêter, ralentir ou renoncer. A chaque essai le même engagement. Total. Ils décollent les fesses du petit banc permettant de se positionner correctement, et « à Dieu va ». Au bout de tremplin décollage à presque 100 km/h, puis quelques secondes de grâce absolue avant de retrouver le plancher des vaches. Respect !

1000ème et dernière marche. Le petit local d’arrivée des artistes par le télésiège. Sur la plateforme dominant la vertigineuse trajectoire, une porte d’accès aux toilettes. Ouf, ce sont tout de même des gens normaux…





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