dimanche 4 août 2019

Lâcher Prise


Partir vers le nord, peut-être pour ne pas le perdre, même si en réalité l’objectif de notre déambulation scandinave est ailleurs. S’abandonner à une nature encore brute en se laissant porter par le moment, sans réelle contrainte. Essayer de faire le vide en lâchant pour un temps le court de nos vie trépidantes. Aucun autre objectif que de faire un « reset » en étant bien accompagné. Quand le mois d’Août offre une parenthèse enchantée, peu importe que ce soit ici où sur la Nationale 7, pourvu qu’il y ait l’évasion.

Et pour un amateur de vraies voitures – entendez par là voitures de sports, vous savez, celles qui roulent encore à l’essence, avec un vrai pot d’échappement à 2 sorties, une boite manuelle et pas moins de 400 CV – conduire une Hyundai hybride participe à la déconnexion. Le jeu devient celui de la consommation minimale, moins de 4 litres aux cent (si, si, je le fais), avec la conduite fluide qui va bien pour se fondre dans le paysage en laissant le moins d’empreinte possible ; carbone, sonore, pneu, …

Et l’on passe ainsi d’un fjord à l’autre.
Lumière crue à la sortie du tunnel alors que l’autre côté était encore noyé dans une brune épaisse. Les eaux scintillantes comme des bijoux de Swarovski où se jettent d’étincelantes cascades glacières. Les yeux éblouis ne savent plus où regarder tant le spectacle est grandiose.
Et la route qui n’en finit pas de se tortiller au plus près de trait de côte dentelé comme une lame de scie, ou pour gravir un col digne de le montée du Stelvio.
Au détour d’un virage, comme une apparition : sous le ciel indigo, la ligne d’horizon immaculée dessinée par un glacier entre deux arrêtes rocheuses à vif. Image saisissante au magnétisme aussi puissant que celle de l’approche des premières dunes du Sahara lors des méharées vers le grand Sud. Le regard ne peut alors plus s’en détacher, attiré par ce paysage aux promesses d’eldorado tant est puissante l’esthétique de cette nature encore vierge.
Puis l’on redescend le long de torrents bouillonnant dont les goutes s’irisent en éphémères arcs-en-ciel.
Petit coup d’œil sur l’indicateur de charge batterie de la voiture hybride. Sans rien faire que de se laisser rouler tranquillement nous produisons de l’énergie. Nouvelle théorie de la propulsion à la gravité universelle : « plus je descends davantage, moins j’accélère fort et plus j’emmagasine d’énergie pour la montée suivante. Donc si je démarre mon voyage en haut d’un col – ce qui, en toute rigueur, est assez improbable – je dois pouvoir ne presque rien consommer du tout ». Certains lecteurs assidus comprendront…

Et tandis que l’après-midi s’étire à n’en plus finir, on en vient aux rêves de changement de vie, preuve que le lâcher prise est bien en train d’opérer.






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