mercredi 9 mai 2018

Bouquets géants :



Je ne compte plus mes pérégrinations dans le Rif Marocain – depuis ce voyage initiatique dans les années 80, alors que nous partions crânement pour une première transsaharienne via l’Algérie, le Niger puis le Mali à bord d’une vielle R5 et d’une Ami 8 hors d’âge – jusqu’à cette fois-ci sur 2 motos de Rallye Raid. Même si les montures sont différentes, c’est à chaque fois un rêve de gosse qui se renouvelle. Certes, il y a toujours le plaisir unique de piloter une machine motorisée, sensation de liberté et de maîtrise permettant d’accéder à des « terres inconnues ». Mais il y a surtout cette irrépressible attraction pour de nouveaux horizons, de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes. Le moyen de locomotion n’est alors plus qu’un prétexte pour rouler un peu au hasard en se faisant plaisir, ne rien louper des images, des sons et des senteurs en restant à l’affût de l’imprévu.

Cette année le printemps est particulièrement pluvieux et la nature s’en donne à cœur joie : explosion de bouquets multicolores où bleuets, coquelicots et autres boutons d’or livrent aux paysages des perspectives de tableau de Van Gogh. Et ce sentiment unique et éphémère de faire partie de la scène.

Au hasard on s’arrête prendre thé et jus d’oranges pressées au café du bled parmi ces hommes apparemment désœuvrés assis là sans un mot. Comme si pour eux le temps n’avait plus d’importance. De l’autre côté de la rue, des petits groupes de femmes aux tenues chamarrées s’activent. A l’évidence, ici ce sont elles qui font bouillir la marmite…
Et l’on repart en remerciant le cafetier tout en saluant la compagnie faignant l’indifférence, sauf parfois quelques vieux encore francophiles.

La promenade est agréable. Au détour d’un virage un groupe d’enfants rentre de l’école. A notre passage les petits s’agitent avec enthousiasme. Nous leur répondons de signes amicaux, tandis que certains ados nous dressent de viriles doigts d’honneur. Une autre fois je reçois une pierre dans la cuisse : désagréable mais heureusement très rare.

« Capitaine route » de la journée (celui qui roule devant et décide des arrêts), je perds de vue Didier dans mon rétro. Demi-tour. Je le retrouve arrêté sur le bas-côté. Petit problème d’alimentation en essence vite diagnostiqué et réparé. Djo, notre pote mécano, aurait été fier de nous. L’imprévu mécanique contribue aussi au charme des voyages motorisés…


Nous terminons la journée à Fes, sous un orage dantesque à la recherche d’un hôtel improbable presqu’à sec de carburant. Ne nous plaignons pas, nous sommes aussi là pour ça.
 
22h30, on frappe à la chambre. J'ouvre la porte. Un peu gêné l'hôtelier me dit qu'un gars veut me voir à la réception. Surpris je descends et retrouve le serveur de la gargote où nous avons dîné qui m'indique avoir fait uns erreur de 20 dirhams sur l'addition (2€). Je règle évidemment sans coup férir.



Aucun commentaire: