47° indique le thermomètre de la moto. Tandis
que la tempête soulève des nuages de sables brulants, nous sommes engagés dans
un slalom géant au milieu des dunes de Chiggaga. A chaque accélération les roues
arrières projettent de longues gerbes dorées comme le feu sortant de la gueule
de dragon. Garder de la vitesse, il faut garder de la vitesse pour ne pas
enfourner la roue avant et finir au sol, sensation valorisante de glisse maîtrisée
dans un environnement brutal et doux à la fois.
Poussée par de puissantes bourrasques, la crête des dunes se dilue en poudre d’or irisées. Dans ces conditions dantesques, nous faisons le maximum pour garder le cap à l’Ouest et éviter les fautes de navigation. Rester plantés ici serait pour le moins « compliqué ».
Enfin commence à apparaître les
bosquets d’arbrisseaux aux branches claires et feuilles grasses annonciateurs
du lac Iriki. Puis nous débouchons sur la surface blanche immaculée, balayée
par des rafales suffocantes, de cette vaste étendue plate et asséchée. De lac
il ne reste que les souvenirs des anciens, à une époque où l’eau pouvait y
faire des passages éphémères.
La poussière soulevée par le vent violent
donne au paysage l’allure féerique d’un univers en lévitation au-dessus d’une
surface évanescente. A se demander si nous n’allons pas être happés par cet
environnement fantastique. Mais nous avançons bel et bien.
Encore 70 km avant de rejoindre
Foum-Zguid, la porte de sortie du désert. La météo s'améliore. Rester concentrés jusqu’au bout, sur
la piste maintenant devenue rocailleuse et bordée de deux spectaculaires lignes
de crêtes comme un décor de far-west.
Foum-Zguid est maintenant en vue.
Toujours un grand moment que de remettre les roues sur le goudron, « pas
tombés, pas cassés », au terme de cette longue méharée de plus de 1000 km.
Et pour tout dire nous ne boudons pas notre plaisir, assis sous le grand arbre
à chameau de la place du village, à déguster un jus d’orange fraichement pressé
et se refaire le film de la journée.
Il faut dire qu'elle n’avait pas
très bien commencée : installés à Tagounite dans un petit garage pour faire l’entretien
et la vidange de nos machines, le bouchon de vidange de la moto de Didier foire
au remontage, ainsi qu’un des boulons de carter de filtre à huile... Passé le
moment d’agacement, il a fallu imaginer une solution provisoire en partant de
papier aluminium et de petits joints toriques qui semblent faire le job.
Demain nous entamons la remontée par le
Haut Atlas et, si la météo le permet, le spectaculaire col du Tizi-n-Test.
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