dimanche 13 mai 2018

Dantesque !



47° indique le thermomètre de la moto. Tandis que la tempête soulève des nuages de sables brulants, nous sommes engagés dans un slalom géant au milieu des dunes de Chiggaga. A chaque accélération les roues arrières projettent de longues gerbes dorées comme le feu sortant de la gueule de dragon. Garder de la vitesse, il faut garder de la vitesse pour ne pas enfourner la roue avant et finir au sol, sensation valorisante de glisse maîtrisée dans un environnement brutal et doux à la fois.
 

Poussée par de puissantes bourrasques, la crête des dunes se dilue en poudre d’or irisées. Dans ces conditions dantesques, nous faisons le maximum pour garder le cap à l’Ouest et éviter les fautes de navigation. Rester plantés ici serait pour le moins « compliqué ».

Enfin commence à apparaître les bosquets d’arbrisseaux aux branches claires et feuilles grasses annonciateurs du lac Iriki. Puis nous débouchons sur la surface blanche immaculée, balayée par des rafales suffocantes, de cette vaste étendue plate et asséchée. De lac il ne reste que les souvenirs des anciens, à une époque où l’eau pouvait y faire des passages éphémères.
La poussière soulevée par le vent violent donne au paysage l’allure féerique d’un univers en lévitation au-dessus d’une surface évanescente. A se demander si nous n’allons pas être happés par cet environnement fantastique. Mais nous avançons bel et bien.

Encore 70 km avant de rejoindre Foum-Zguid, la porte de sortie du désert. La météo s'améliore. Rester concentrés jusqu’au bout, sur la piste maintenant devenue rocailleuse et bordée de deux spectaculaires lignes de crêtes comme un décor de far-west.

Foum-Zguid est maintenant en vue. Toujours un grand moment que de remettre les roues sur le goudron, « pas tombés, pas cassés », au terme de cette longue méharée de plus de 1000 km. Et pour tout dire nous ne boudons pas notre plaisir, assis sous le grand arbre à chameau de la place du village, à déguster un jus d’orange fraichement pressé et se refaire le film de la journée.
Il faut dire qu'elle n’avait pas très bien commencée : installés à Tagounite dans un petit garage pour faire l’entretien et la vidange de nos machines, le bouchon de vidange de la moto de Didier foire au remontage, ainsi qu’un des boulons de carter de filtre à huile... Passé le moment d’agacement, il a fallu imaginer une solution provisoire en partant de papier aluminium et de petits joints toriques qui semblent faire le job.
 
Demain nous entamons la remontée par le Haut Atlas et, si la météo le permet, le spectaculaire col du Tizi-n-Test.

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