samedi 12 mai 2018

Le plaisir de l'imprévu



De Merzougha nous partons à l’ouest vers Mhamid pour une longue étape de 300 km de piste dans le Grand Sud, enthousiastes à l’idée de redécouvrir cette nature brute et minérale, et les gens qui y vivent.
A chaque fois c’est un émerveillement que de naviguer au cap, sans GPS, avec juste une carte approximative, une boussole, le soleil et son instinct.
La profondeur des paysages donne à la navigation une dimension enivrante, peut-être de celle ressentie par les marins. On se sent alors vivre pleinement, parfaitement conscient du privilège de pouvoir le faire, mais aussi heureux d’avoir décidé de sortir de sa zone de confort en venant découvrir ce qui se cache derrière la ligne d’horizon. Sans doute n’y a-t-il pas de plus grande sensation de Liberté. Et c’est probablement cela que nous venons chercher au milieu de cette immensité.
Nous prenons évidemment aussi beaucoup de plaisir à rouler et exploiter le potentiel de nos machines : sensations physiques d’accélération, freinages appuyés ou coulés, glisse…
Mais les impressions les plus fortes sont sans aucun doute la puissance des paysages et la manière de les traverser pour découvrir le suivant avec délectation. Franchir un cordon de dunes tel un skieur en laissant une trace éphémère procure un plaisir inégalable. Rouler dans une vaste plaine aride piqueté d’acacias est grisant. Traverser un lac asséché immaculé au milieu duquel la vibration de la lumière génère de puissants mirages a quelque chose de magique. Grimper les contreforts d’un djébel pour y découvrir, de l’autre côté, une perspective à perte vue sur une oued parsemé d’oasis verdoyantes vous émeu comme si vous assistiez au commencement du monde. S’arrêter dans un village de terre crue boire un thé chez l’habitant est un moment unique d’humanité.
Tout ça nous l’attendions, et nous avons été gâtés.

Plus inattendues furent les imprévus de la journée :
Pas mal de jardinage, Didier ayant cette tendance naturelle à se mettre à l’ouest, ça nous la savions depuis longtemps…, (plutôt que garder le cap au Sud.)
Et surtout des pannes d’alimention d’essence. Grands moments de solitude lorsque le moteur s’arrête et que vous êtes hors-piste un peu trop à l’Ouest. D’abord sur ma moto, pourtant préparée au petit oignon chez Yamaha Racing. En fait la pompe à dépression était mal montée. Puis celle de Didier, arrivée d’essence du réservoir de secours colmatée. Tous diagnostics faits, nous avons finalement transvasé le précieux liquide de l’arrière vers l’avant avec une bouteille d’eau. Au final, 2 heures d’arrêts imprévus et le soleil qui passe sous l’horizon alors qu’il reste plus de 50 km de piste et très peu d’essence sur l’une des motos. Ca ne va pas le faire et, sans ce le dire, chacun de notre côté envisageons le bivouac à l’arrache. Demain il fera clair et nous aviserons.

Par chance, alors que la nuit tombe nous arrivons sur un village de désert.
Kalhed, un jeune homme avenant nous alpague gentiment. Nous lui demandons s’il est possible de trouver de l’essence ici ainsi que gite et couvert. Et c’est chez lui que nous finissons la soirée.
Ce soir, nous dormons sous les étoiles sur le toit de sa maison.

(Et de nouveau désolé pour le manque de photos, faute de réseau)


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