De Merzougha nous partons à l’ouest
vers Mhamid pour une longue étape de 300 km de piste dans le Grand Sud,
enthousiastes à l’idée de redécouvrir cette nature brute et minérale, et les
gens qui y vivent.
A chaque fois c’est un émerveillement
que de naviguer au cap, sans GPS, avec juste une carte approximative, une
boussole, le soleil et son instinct.
La profondeur des paysages donne à la
navigation une dimension enivrante, peut-être de celle ressentie par les
marins. On se sent alors vivre pleinement, parfaitement conscient du privilège
de pouvoir le faire, mais aussi heureux d’avoir décidé de sortir de sa zone de
confort en venant découvrir ce qui se cache derrière la ligne d’horizon. Sans doute
n’y a-t-il pas de plus grande sensation de Liberté. Et c’est probablement cela
que nous venons chercher au milieu de cette immensité.
Nous prenons évidemment aussi beaucoup
de plaisir à rouler et exploiter le potentiel de nos machines : sensations
physiques d’accélération, freinages appuyés ou coulés, glisse…
Mais les impressions les plus fortes
sont sans aucun doute la puissance des paysages et la manière de les traverser
pour découvrir le suivant avec délectation. Franchir un cordon de dunes tel un
skieur en laissant une trace éphémère procure un plaisir inégalable. Rouler
dans une vaste plaine aride piqueté d’acacias est grisant. Traverser un lac
asséché immaculé au milieu duquel la vibration de la lumière génère de puissants
mirages a quelque chose de magique. Grimper les contreforts d’un djébel pour y découvrir,
de l’autre côté, une perspective à perte vue sur une oued parsemé d’oasis verdoyantes
vous émeu comme si vous assistiez au commencement du monde. S’arrêter dans un
village de terre crue boire un thé chez l’habitant est un moment unique d’humanité.
Tout ça nous l’attendions, et nous
avons été gâtés.
Plus inattendues furent les imprévus de
la journée :
Pas mal de jardinage, Didier ayant
cette tendance naturelle à se mettre à l’ouest, ça nous la savions depuis
longtemps…, (plutôt que garder le cap au Sud.)
Et surtout des pannes d’alimention d’essence.
Grands moments de solitude lorsque le moteur s’arrête et que vous êtes
hors-piste un peu trop à l’Ouest. D’abord sur ma moto, pourtant préparée au
petit oignon chez Yamaha Racing. En fait la pompe à dépression était mal
montée. Puis celle de Didier, arrivée d’essence du réservoir de secours
colmatée. Tous diagnostics faits, nous avons finalement transvasé le précieux
liquide de l’arrière vers l’avant avec une bouteille d’eau. Au final, 2 heures
d’arrêts imprévus et le soleil qui passe sous l’horizon alors qu’il reste plus
de 50 km de piste et très peu d’essence sur l’une des motos. Ca ne va pas le
faire et, sans ce le dire, chacun de notre côté envisageons le bivouac à l’arrache.
Demain il fera clair et nous aviserons.
Par chance, alors que la nuit tombe
nous arrivons sur un village de désert.
Kalhed, un jeune homme avenant nous alpague
gentiment. Nous lui demandons s’il est possible de trouver de l’essence ici
ainsi que gite et couvert. Et c’est chez lui que nous finissons la soirée.
Ce soir, nous dormons sous les étoiles
sur le toit de sa maison.
(Et de nouveau désolé pour le manque de
photos, faute de réseau)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire