
Cap sud-ouest pendant 75 km, puis 65 km Est-Sud-Est jusqu’à une étroite passe pour descendre du plateau rocailleux
vers la vallée sablonneuse. Ensuite de nouveau Sud-Ouest pour rejoindre l’oued
descendant plein sud vers le grand Erg.
L’ayant déjà fait plusieurs fois tant
en 4x4 qu’en moto, ça ne devrait pas poser de problème. Reste donc à prendre du
plaisir en pilotant des machines de rêve dans cet univers minéral aux
dimensions XXL.
Tous pleins fait des 4 réservoirs (2 à
l’avant, 2 à l’arrière), nous partons doucement pour éprouver nos motos dans
leur environnement naturel. Et il faut dire que les premières impressions sont
sensationnelles : légèreté, motricité, amortissement. Rien à voir avec nos
vielles Africa-Twin ou autre Ténéré d’un autre âge. On profite alors de l’environnement
en Grand, tout en prenant du plaisir, de celui que ressent probablement le
cavalier d’un pur-sang au galop dans une vaste plaine.
Ouvreur du jour, je surveille Didier
dans mon petit rétroviseur et me retourne régulièrement pour m’assurer qu’il
est bien là. Non par prétention de le lâcher, plus par crainte d’un problème
technique ou d’une chute malencontreuse toujours possible.
Au 30ème km, ne voyant plus
le scintillement du puissant phare à led, je stoppe pour attendre mon coéquipier.
Quelques minutes passent, toujours rien en vue. Rapide demi-tour pour
rebrousser chemin sur ma trace. Il a dû lui arriver quelque chose…
Je le retrouve 2 kilomètres plus loin. Pas bon
signe, le carénage de la moto est démonté. Grand moment de solitude en
découvrant sous le moteur une large flaque d’huile. Didier fait grise mine.
En fait, sur une bosse un peu prononcée,
la moto a talonné, éjectant dans le garde boue avant le bidon d’huile de
secours mal attaché, maculant la moto tout en la stoppant violemment. Tandis qu’à
l’arrière, au même moment la chaine a sectionné la durite d’essence du
réservoir antérieur droit, laissant s’écouler l’essence sur le moteur chaud… La
situation n’est pas brillante, mais rien d’irréversible apparemment.
On répare en se disant qu'il n’y a décidément
pas de détail sur ce type de machine pointue préparée au millimètre.
Et que depuis le départ, nos petits problèmes auraient pu être anticipés avec
plus de rigueur dans la préparation.
Repartant les mains pleines de cambouis, nous nous diluons dans ces paysages grandioses où
se mêlent chaos, douceur et éblouissements. Chaos de ces effondrements rocheux,
douceur incomparable des ondulations sablonneuses, éblouissement de la lumière
crue et scintillante sur les cristaux de mica. A cet instant nous ne sommes
plus que des molécules organiques égarées dans cette immense nature minérale, seuls au
monde et hors du temps, immergés dans une 4ème dimension où évasion et liberté vous
transporte jusqu’à la jouissance.
Une nouvelle fois je perds Didier.
Demi-tour pour le retrouver furieux en train d’arracher à la main son
garde-boue avant qui n’a pas résisté à l’incident précédant, et vient de
passer dans la roue. Heureusement sans gravité. Ce n’est décidément pas son
jour, avec cette désagréable impression de détruire une machine pourtant
préparée avec le plus grand soin.
l’Erg
Chebbi se découvre à l’horizon entre les reliefs, énorme masse de
sable dorée telle l'eldorado saharien des images d’Epinal.
La progression devient plus technique
sur des surfaces meubles et sablonneuses au creux de larges oueds. Là il faut
rouler avec le cœur, pilotage engagé à la poignée de gaz. C’est technique,
physique et valorisant pour le pilote. Nos machines nous y aident bien et l’on
s’en donne à cœur joie.
La surface redevient plus ferme et plus
stable. On se laisse alors couler jusqu’au creux des grandes dunes et l’auberge
Amazir de notre ami Larbi, paysage toujours magique qui à lui seul vaut le
voyage.
(Désolé, pas de photos aujourd'hui, faute de débit internet. Demain peut-être)
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