Remontant vers le Nord, nous roulons au
cœur du Maroc profond, celui de la campagne et des petites exploitations
agricoles, en réalité de modestes lopins de terre sur des paysages ondulants où
poussent quelques céréales clairsemées. Pour certaines c’est déjà le temps de
la moisson, parfois à la faucille pour former des gerbes chargées sur des charrettes
à cheval. Comme si le temps s’était arrêté ici au 19ème siècle. Et toujours
ces magnifiques champs de fleurs multicolores donnant au paysage un cachet
presqu’artificiel aux accents de Toscane.
Dans tous les villages, de très actifs marchés
aux bestiaux ; sale temps pour les moutons à quelques jours du Ramadan.
On s’y arrête boire des thés à la
menthe en s’installant dans l’ambiance poussiéreuse des terrasses donnant sur
la rue, en réalité la route ou la piste.
Il n’est pas rare nous soyons alors pris
à parti par de pauvres hères crasseux, barbus, échevelés, apparemment « perdus »
dans d’inintelligibles délires verbaux. Etonnante bienveillance des villageois
venant rapidement à notre « secours » pour éconduire avec douceur le
fou du village, s’excuser du désagrément, tout en laissant comprendre qu’ils s’en
occupent.
Puis l’on poursuit notre road-trip à petite
vitesse, comme s’il s’agissait en fait d’un road-movie dont nous serions les
acteurs. Fou rire quand un poulet prêt à cuire tombe du toit d’un fourgon
déglingué sur la moto de Didier… Sûr qu’il finira de toute façon à la casserole
ce soir.
Nouveau problème d’alimentation d’essence
sur la machine de Didier : le diagnostic étant connu, démontage rapide de
la moto sous l’œil émerveillé des enfants qui n’en demandait pas tant. Ils
auront une histoire à raconter ce soir à la maison.
Et l’on s’égare avec délectation, au
gré de pérégrinations improvisées sur d’improbables routes de montagne :
découverte d’exceptionnels points de vue où l’horizon se perd derrière une
superposition brumeuse de lignes de crêtes de moyenne montagne, au pied desquelles
se nichent des villages de terre crue d’où s’élèvent des volutes de fumée
bleue. A cet instant tout semble parfait.
Et comme il faut bien s’arrêter, on
choisit au hasard une pension au centre d’un bourg animé pour ne rien manquer
de la vie locale, en pleine effervescence à 3 jours du Ramadan.
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