La traversée de l’Espagne est comme un
sas de décompression. On laisse le quotidien à la maison vers une autre
dimension, les promesses de l’Afrique et de ses grands espaces, la rencontre
des gens qui y habitent, le choc de culture ; auxquels s’ajoute le plaisir
indicible de faire le voyage en moto avec Lou mon fils ainé. Sur que l’aventure
sera belle !
A vrai dire je ne compte plus le nombre
de mes pérégrinations sur ce continent - Sénégal, Mali, Niger, Kenya, Tanzanie, Zimabwe, Afrique du Sud, Namibie, Tunisie, Egypte, Maroc et j'en oublie : entre amis, en famille, en
voitures de toutes sortes, avion, moto, vélo. Et pour cette fois encore le
plaisir d’y retourner reste intact. Il reste tant à découvrir…
Environ 1800 kilomètres jusqu’à
Gibraltar, nom magique comme Vladivostok, Zanzibar, Cape-Town, Ushuaïa…
autres villes de bout d’un monde.
La monotonie de la route sur l’aride
plateau continental Ibérique laisse l’esprit divaguer, regard attiré
par les champs d’éoliennes piquetant les lignes de crêtes. Don Quichotte en
aurait perdu la tête.
Assis côte à côte dans la voiture tractant la remorque
des motos jusqu’au Sud de l’Espagne, déjà ailleurs, nous roulons
plein Sud, comme aimantés par notre destination Marocaine. Et l’on se repasse
les souvenirs, et l’on parle de projets, confrontant nos vies à l’inexorable
flèche du temps, la grande horloge qui nous bouscule à nous en faire parfois
oublier que le bonheur c’est maintenant, celui de profiter du moment privilégié
qui s’annonce, ou plutôt qui est déjà commencé.
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