Nous repartons donc très prudemment, assez
frustrés par ce qui nous est arrivé, mais sans nous départir de la bonne humeur
que nous avons décidé de garder quoiqu’il en soit.
Quitter le Grand Sud est pour moi
toujours très nostalgique, comme devoir sortir d’une parenthèse hors du temps
et de l’espace habituel ; cette 4ème dimension dont je parlais
l’autre jour. A intervalles réguliers je ne peux m’empêcher de regarder en
arrière, vers cet horizon sans limite où la nature a gardé tous ces droits,
nous autorisant juste quelques visites éphémères, histoire de nous remettre à
notre modeste place de fragiles petits bonshommes.
Petits mais costauds ! Lou me suit
avec fluidité et semble relativement à l’aise sur sa moto. Je suis soulagé.
Nous roulons donc avec plaisir, tentant d’évacuer notre déception par le
bonheur simple d’un moment oubliable entre nous, tout en se disant qu’on le
refera.
S’arrêter au bord de la route manger un
tagine de poulet avec les gens du coin suffit à notre bonheur. Tout comme se
faire rattraper par la flèche du temps en se rappelant de ces mêmes instants
avec mon père il a de cela presque 25 ans ; l’âge de mon fils. Alors ce
n’est tout de même pas un pied blessé qui va nous voler ces instants précieux.
En quelques heures nous passons du
Sahara aux forêts de cèdres de l’Atlas. L’air frais et vivifiant des routes
d’altitude nous fait délicieusement frissonner. Tandis que le soleil passe
derrière l’horizon, les bergers ramènent les troupeaux vers leurs enclos et les
femmes rentrent aux villages.
En clair-obscur, déjà les premières
neiges saupoudrent les lignes de crête. Il est temps de nous arrêter, au
hasard, dans un petit gourbi au bord de la route où l’on nous sert une
délicieuse soupe avec des galettes de pain sortant de four avant de dormir
pour presque rien. Que demander de plus ?
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