jeudi 13 octobre 2016

L'appel du Grand Sud



L’appel du Grand Sud est irrésistible. De plus en plus étroite la bande d’asphalte nous aspire vers un horizon sans limite. La végétation disparait au profit de paysages épurés d’une grande puissance esthétique, purement minérale, où l’espace se confond avec le temps tant les perspectives sont inhabituelles, sauf peut-être pour les marins.
Dans la lumière vibrante l’air devient plus sec. Nous roulons dans une autre dimension, le regard tendu vers les promesses d’un eldorado désertique, le Sahara, nom magique synonyme pour moi d’absolu. D’aucuns diront d’absolument rien. Je dirais exactement l’inverse, tant l’épure de ce chef d’œuvre naturel me semble parfaite : du superflu il ne reste rien que la terre, le ciel et les Hommes qui s’y accrochent.

Puis comme un miracle apparaît la vallée du Ziz, coulée verte serpentant sous le plateau aride, au creux de laquelle s’épanouissent de luxuriantes oasis dont certaines sont devenues des villes prospères, Ar-Rachidia, Erfoud, où les touristes du monde entier affluent maintenant en masse.
Rissani, la fin de la route, pile au moment où le soleil tombe derrière l’horizon. Au chant du muezzine, nous trouvons une gargote à 10€ la nuitée sur la place du village. Exactement le type d’endroit que j’affectionne particulièrement, là où vivent les gens du coin et donc où les chosent se passent. S’installer alors sur la rue pour manger un tajine n’a d’égal qu’un très bon film de cinéma, sauf qu’ici on est au cœur de la vraie vie d’une ville de désert au charme si particulier. Ici la poussière est propre ; sable porté par vent que rien ne peut arrêter. Et ce creuset de populations, nomades enturbannés, ruraux encapuchonnés façon Merlin l’enchanteur et villageois voulant se donner un style petits bourgeois à la mode de Paris, délicieux mélange des genres dans une société en pleine mutation vers la soi-disant modernité.
Comme de bien entendu en pays de tradition musulmane, seulement les hommes sont de sortie à cette heure « tardive ». Alors comme un fait exprès, en arrière fond sonore des youyous de femmes accompagnent de la musique traditionnelle. Peut-être une fête de mariage.
Le patron commence à rentrer les chaises et la place se vide doucement. Il est temps de monter se coucher sous un ciel piqueté d’étoiles.

Le film de la soirée était parfait.

 




Aucun commentaire: