Il fait un froid de canard quand nous
entrons diner dans le « Applebee’s » d’une petite zone commerciale en
bordure de l’interstate. 20h30 : c’est ici presque déjà tard. Comme toujours
aux Etat-Unis, accueil impeccable. Personnel de service jeune et souriant ;
des étudiants j’imagine… Et l’on commence comme d’habitude par un grand verre
en plastique plein de glaçons arrosés de Coca, pour moi d’eau gazéifiée, assis
sous les écrans diffusant en continu les jeux de Sochi entre d’incessants spots
de pub.
Fatigué par le voyage je ne fais pas
l’effort de lire le menu et confirme la même commande que Mark. Mauvaise
pioche, des aiguillettes de poulet pannées avec des frites. Mark semble se régaler... Moi je vais faire des cauchemars, selon l’adage familial prétendant que manger
des frites le soir en serait une cause. Allez savoir pourquoi.
Pur hasard, mon voyage coïncide avec
la visite d’Etat de notre Président, plus connu ici depuis qu’il a quitté sa
conjointe dans l’exercice de sa fonction. Une spécialité Française inauguré par
le précédent et qui intéresse beaucoup les étrangers : pour les Chinois l’illustration
de la vraie démocratie, pour les Brésiliens l’expression même de la virilité,
et pour les Américains une sacrée faute de goût. A chacun ses repères.
De fil en aiguille notre conversation
prend une tournure plus politique, où l’on se plaint de nos gouvernements.
Obama si populaire à l’étranger chute ici dans les sondages à moins de 50% d’avis favorable, un score à faire pâlir d’envie notre Président plongeant sous la barre des 20%.
Administration, le mot qui fâche. En
fait non pas le mot, mais les lourdeurs associées. Et je souris en
écoutant mes collègues Américains déplorer le « trop d’état » d’Obama
qui sclérose l’initiative individuelle et inhibe le sens des responsabilités.
Alors que dire de la nôtre !
Tiens d’ailleurs voilà les Présidents,
images furtives sur les grands écrans illuminant la salle de restaurant avant
que les jeux ne reprennent le live.
Intéressant aussi d’écouter les
commentateurs sur ces jeux. On sent une pointe de jalousie devant les moyens
déployés par la Russie pour cet évènement planétaire.
Le message de Poutine, lui si
populaire en Russie et tellement moins à l’extérieur, est clair : Russia
is back ! Et ça n’échappe à personne ici, après tant d’années où l’on s’est
gargarisé de la chute « l’empire du mal » vaincu par la puissance des
valeurs de liberté et de démocratie promues par l’Amérique. Le plus drôle dans
cette affaire est que les Américains y croient encore. Et comment ne pas s’amuser
aussi à les entendre, eux qui généralement en font beaucoup, commenter sans vraiment
de nuances les moyens mis en œuvre pour ces jeux et leur impact social et
environnemental, sans oublier les risques terroristes associés dont ils ne se sont pas remis depuis l'horreur du 11 septembre 2001.
Mais la roue tourne et il en faut bien pour tout le monde.
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