Derrière les larges baies vitrées de la
voiture 17, le paysage défile à « fond la caisse », vastes plaines
agricoles finement saupoudrées de neige légère.
301 Km/h indique l’affichage digital
au plafond de la rame de ce TGV ultramoderne à faire pâlir d’envie notre SNCF. Comme
une fusée, nous croisons des villages ruraux engourdis par l’hiver, contraste
un peu surréaliste et impression étrange de ce pays qui saute des étapes de
développement pour se retrouver sans transition dans l’époque d’après. Des
images de bande dessinée d’anticipation me reviennent à l’esprit, de celles que
nous lisions adolescent, où des civilisations avancées colonisaient des mondes
au mode de vie encore pastoral ; fantasmagorie des chocs de civilisations.
Nous filons vers Nankin, la « capitale
du sud » chargée d’histoire, notamment capitale de la dynastie des Ming
puis de la République de Chine sous Tchang Kaï-chek.
A elle seule cette ville concentre
toute la mythologie de la civilisation Chinoise telle que vue par les
occidentaux : guerres dynastiques, épopées mandarines, intrigues politiques
et familiales, invasions, destructions, reconstructions, coups d’état, massacres.
Bref, l’histoire en Grand ; et le simple fait de s’y rendre a quelque
chose de particulièrement stimulant, mélange d’excitation et de curiosité. Dommage,
nous n’y passons que pour un trop bref rendez-vous.
De la gare flambant neuve, très vaste
bâtiment futuriste de béton et d’acier à l’ambiance glaciale, départ en ville où nous traversons le majestueux fleuve Yangtsé pour rejoindre notre rendez-vous.
Sur le « grand fleuve bleu »
se côtoient barges géantes crachant les fumés noires de leur diesel poussif et jonques
traditionnels de pêcheurs aux voiles semi-rigides si particulières.
Le petit restaurant flottant qui nous
accueille sur les rives n’a rien de très gastronomique. Juste une soupe de
nouilles fumante et un poisson avec Monsieur Chen qui nous attendait
visiblement excité par cette rencontre. Retrouvailles très chaleureuses où l’on
parle de tout sauf de business. Je m’en étonne auprès de mon équipe chinoise
qui me demande de leur faire confiance, m’expliquant que l’important pour
aujourd’hui est de renouer le contact après une prestation commerciale ratée
qui lui avait fait non seulement perdre ses clients, mais surtout la face.
La Face, ce concept Chinois tellement
important et dont les subtilités nous échappent, à nous les « longs nez ».
Je suis donc le mouvement en ayant vraiment
l’impression de ne faire que de la figuration. Alors tant qu’à faire, autant
profiter de l’instant en se laissant gentiment porter. Après tout j’ai bien de
la chance d’être ici et maintenant dans ma « course » autour du monde.
Et déjà il faut repartir car le vol
Shenzhen Airlines pour Canton ne nous attendra pas.
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