dimanche 16 février 2014

Tour du monde express - étape 3 : La Paz - Los Angeles


Mon voisin fait un signe de croix. Plein gaz pour le décollage de La Paz dans le petit Embraer 190. J’aime cette sensation d’accélération au roulage. Ca pousse dans le dos sans à-coup en ayant l’impression que ça ne va jamais s’arrêter. Puis soudain un violent freinage accompagné des « reverses » à fond. Nous sommes projetés vers le dossier du siège de devant et mon voisin refait des signes de croix à toute vitesse avant de joindre les mains comme pour une prière. Moi j’espère que la piste est assez longue pour ne pas finir dans les cactus…
Même pas mal ! Au bout du tarmac nous faisons demi-tour pour revenir à l’aérogare. Problème technique à priori.
3 heures se passent dans l’aérogare avant que l’on nous annonce finalement l’annulation du vol. Et merde, il va falloir recaler tout le programme de ce tour du monde express ajusté au millimètre par Delphine.
Une heure de palabre avec l’agent Aeromexico pour évaluer les meilleures options de re-routage, et retour à l’hôtel pour une longue nuit, n’ayant d’autre option que de repartir le lendemain midi. La Paz c’est un peu le bout du monde… En même temps il y a largement pire. Alors pas de quoi s’énerver et c’est le week-end après tout.
Cette fois-ci c’est la bonne. Décollage sans encombre pour un vol plein nord le long de la côte Pacifique vers La cité des Anges.
A droite le désert poussiéreux de la péninsule de Basse Californie, zone géologique complexe qui à certains endroits semble de diluer dans le pacifique en subtiles arabesques dorées, tandis qu’à d’autres moments l’océan y pénètre en déposant par évaporation des lacs asséchés de sel immaculées. Ici pas d’activité humaine visible, sauf un réseau de quelques fines traces comme dessinées au crayon sur le sol, pareilles à celles des passages de fourmis dans les jardins.
 
Sans transition l’activité humaine reprend en rejoignant Ensenada. Tout d’abord des zones cultivées au milieu du désert, tâches vertes presque fluorescentes, puis ces villes aux accents d’eldorado : Tijuana, San Diego, Long Beach et sa plage légendaire, avant la longue descente vers LA au dessus de cette ville immense organisée en milliers de blocs carrées, quartiers où sont regroupées maisons et bâtiments entre les grandes avenues.
Un peu après San Diego on aperçoit la jolie coupole blanche de l’observatoire du Mont-Palomar, lieu mythique de l’astronomie moderne avec son grand télescope de 5 mètres de diamètre longtemps resté le plus puissant du monde.

Los Angeles, comme San Francisco ou New-York, représente l’Amérique ouverte sur le monde. New-York d’un coup d’ailes sur l’Atlantique pour les Européens. LA sur le Pacifique pour les Asiatiques si nombreux ici : Chinois, Japonais, Coréens.

J’ai un peu de temps et c’est samedi. Alors je me paye un tour de taxi vers le down-town histoire de revoir les avenues bordées de palmiers aux troncs immenses sur les larges trottoirs de bétons où l’on fait du roller.
Au hasard je me fais déposer dans un Starbucks Café, juste pour le plaisir de regarder les gens en sirotant un thé XXL. Je passe ma commande et tends un billet de 20$ au comptoir.
-      « Et voilà Monsieur » me fait en français dans le texte la sympathique serveuse au moment de rendre la monnaie.
Je la regarde étonné.
-      You look so french me répond t-elle tout sourire.
Et là je dois avouer que j’ai un doute. J’ai certes un accent français marqué, mais tout de même. Nous n’avons échangé que quelques mots. Il est vrai que chez nous un seul mot d’un italien suffit souvent à l’identifier…

Observer les gens dans un troquet est une activité fort distrayante. On pourrait y passer des heures sans vraiment se lasser tant la nature humaine est variée et pourtant tellement prévisible. Entre congénères de la même espèce il est des traits de comportement universels attachés à nos gènes les plus anciens. Et la modernité n’y change rien.
Il y a là toute une petite société, alors que chacun pourrait très bien faire la même chose chez soit : lire un bouquin, surfer sur le web, écouter de la musique sur son i pad en sirotant un café et mangeant un muffin. Alors pourquoi ce besoin de se retrouver sans nécessairement se dire quelque chose ? Sans doute l’esprit grégaire de notre espèce qui fait sa force ou sa faiblesse, selon la façon dont on voit les choses.
Je ne suis pas assis depuis un quart d’heure qu'un gars m’aborde, cette fois-ci bel et bien en anglais, sans autre but que savoir d’où je viens et ce que je fais à LA. On bavarde tranquillement lorsqu’un troisième larron s’en mêle, puis une jeune fille. Et nous voilà parti dans de « grandes considérations » sur ce qui fait tourner le monde et surtout le ralenti : selon eux le conservatisme de ceux qui nous gouverne et le trop de régulation au moment où la globalisation change les règles. Tien, cela me rappelle quelque chose…

Pas de doute qu’il se dégage d’ici une énergie particulière, mélange de spontanéité positive naturelle et de frime qui fait tout son charme. Hollywood est aussi ici.

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