Quelque part au dessus du Pacifique : bercé par le ronronnement rassurant des 4 moteurs de l'A380 de Korean Air, je
jette un œil à travers un hublot du pont supérieur. La lumière argentée de la
pleine lune sur l’océan moutonneux lui donne un air de tapis de plumes légères
où il ferait presque bon aller de reposer. Mais nous sommes loin de tout,
croisant à 900 km/h dans la stratosphère au dessus du plus grand océan du
monde, à lui seul le tiers de la surface de notre petite planète.
13 heures de vol pour rejoindre Séoul. Je perds
la notion du temps, entre l’Europe d’où je suis parti, l’Amérique d’où je viens
et l’Asie où je vais. En volant vers l’ouest on remonte l’horloge pour finir
pas perdre une journée. Et même s’il ne peut pas en être autrement, je me suis fait
avoir une fois...
Dans ma torpeur quelques rêves
étranges où se mélangent des tranches de vie sans autres liens apparents qu’il
s’agit de la mienne, et que la nuit les choses semblent se compliquer. A moins
que ce ne soit qu’un grand « reset » nécessaire au reclassement de
tout cela dans le bon ordre.
13 heures pour faire presque la moitié d’un
tour du monde. Et à l’heure d’internet cela m’émerveille toujours autant que de
pouvoir le faire vraiment, même en express. Se dire qu’il fallait des semaines
par bateau à l’époque de nos grands parents. A chaque fois une aventure, au sens littéral du terme, pour des voyages dont on n'avait d'autre choix que d'en prendre le temps pour arriver à bon port. "Arriver à bon port" : quelle expression délicieusement évocatrice vous ne trouvez pas ?
Voyager
était alors un art qui demandait du temps et de la patience. On n'atteignait jamais
vite sa destination, quand aujourd’hui le voyage en tant que tel peut se limiter à
quelques heures de vol de nuit, passant sans transition d’un continent,
d’une saison, ou d’une culture à l’autre. Ce qui a gagné en efficacité a perdu un partie de son charme.
Maintenant les paquebots ont des
ailes et sillonnent la planète de leurs belles trajectoires circulaires dans
1000 directions à la fois. Pouvoir le faire est certes un privilège, mais qui reste bien le seul moyen de créer les indispensables liens personnels nécessaires
à la confiance préalable à toutes relations constructives, d’affaires notamment,
dans le monde global qui est le nôtre. Surement pas prêt
de changer. Quelque soit le lieu où l'on se trouve, développer les relations humaines nécessite
un vrai investissement de proximité dont il faut savoir prendre le temps.
...
6h du matin en heure locale lorsque
nous abordons la descente vers la capitale du "pays du matin calme".
Atterrissage parfait sur la plate
forme où tels de gros insectes encore reliés à leur cocon, la plupard des avions
sont toujours connectés aux passerelles d’embarquement, avant le rush des
centaines de décollages et atterrissages de cette véritable ruche par laquelle
transitent tous ces Hommes en quête de découvertes et de rencontres.
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