jeudi 20 février 2014

Tour du monde express - étape 5 : Seoul - Qingdao



Saut de puce dans la brume au dessus de la mer de Chine pour rejoindre Qingdao. Etrange sensation de voler sans horizon, quand le ciel et l’eau se confondent dans une atmosphère laiteuse un peu oppressante.
Longue finale dans les fumées vomies des hautes cheminées d’un complexe sidérurgique un peu délabré. Rien de très engageant au premier abord.
Douche rapide pour effacer la fatigue des 35 heures de voyage depuis La Paz, et je rejoints mon équipe au pas de course pour conclusion des rendez-vous de la première journée.

Bonne ambiance et confiance sont deux des ingrédients clés permettant de faire avancer nos affaires dans ce contexte chinois si particulier. Et il se trouve qu’un nouveau Vice-President de notre partenaire entre aujourd’hui dans de la boucle de nos relations. Il va falloir de nouveau convaincre.
Petit homme vif à l’air intelligent, tête ronde un peu poupine au regard affublé d’un léger strabisme, il s’exprime peu et garde une posture d’observateur attentif. Nous l’appellerons Liu.
Nous sommes invités à diner. Toujours un signe positif. Liu m’aborde enfin personnellement dans un anglais difficile mais volontaire.
-      Tu es pilote d’avion?
-      Oui d’avion léger à mes heures perdues.
Comment sait-il cela ?
-      Et pourquoi n’es-tu pas venu avec ton avion ?
Ben oui, c’est évident… Je lui explique sans rire que le jour où il apprendrait que je vole avec "mon Corporate jet" il lui faudrait se poser de sérieuses questions sur l’avenir de notre groupe. Pas du tout sûr qu’il ait compris. Certains signes ostentatoires qui feraient douter chez nous renforcent ici la confiance. Un autre monde.
-      Tu es coureur ? me demande t-il alors, montrant que très bien renseigné il a préparé notre rendez-vous dans les détails. Ca promet...
-      En effet, tous les matins.
Je perçois alors chez lui un vrai point d’intérêt, le relance sur le sujet, et l’invite à se joindre à moi pour le jogging du lendemain.
-      OK, OK, what time ? demande t-il avec empressement.
-      6h30 ?
et de répondre tout sourire qu'il sera à l'heure dans le lobby.
 ... 

6H25 : je descends à la réception de l’hôtel en tenue de sport, biorythme encore perdu dans l’accumulation de décalages horaires.
Liu m’attend déjà.
Chaleureuse poignée de main, puis il me demande si on s’échauffe avant de partir ;  approche très chinoise consistant à faire des mouvements lents, mélange de tai-chi et stretching avant tout autre exercice physique. Je lui propose plutôt de démarrer notre course très doucement.
Dehors le froid vif renforcé par un vent du nord piquant fouette le visage. Et tandis que nous attaquons à petites foulées, Liu me fait remarquer que nous portons la même paire de runnings Asics ; sauf que les siennes sont en 38.
Nous rejoignons la plage au dessus de laquelle est aménagé un agréable chemin de promenade. Malgré les moins 5° C, les muscles se réchauffent et les corps se délient progressivement. Agréable impression de sentir son organisme fonctionner au rythme de sa respiration. Nous sommes dans le même tempo tranquille où il n’est pas question de performance, seulement d’agréables sensations, quand l’oxygène irrigue les plus petites cellules jusqu’au cerveau et que l’esprit s’éclaircit.
Rapidement nous partons dans un sympathique échange à bâton rompu. Je découvre alors une belle personne aux valeurs profondes, dotées d’une rare détermination.
-      Cette année j’ai décidé de parler l’anglais me confie t-il.
Je suis admiratif de ses efforts et de la manière subtile, certes encore un peu gauche mais tellement appliquée, avec laquelle il utilise et prononce des mots choisis. Pas de doute, dans quelques mois il sera parfaitement à l’aise.
Tout sourire, perdant un peu la notion du temps, nous poursuivons notre échange avec un vrai plaisir apparemment partagé : famille, travail, hobbies, tout y passe sans retenue, en toute simplicité.

Après une petite heure au grand air nous retrouvons la chaleur de l’hôtel et quittons gants et bonnets.
-      Bien mieux qu’un diner alcoolisé pour faire connaissance me lâche Liu avec un belle sincérité en montant dans l’ascenseur vers la salle de petit déjeuner.

Tu parles. Il est vrai que la course à pied a sans doute ceci de commun avec l’alcool, qu’assez rapidement elle désinhibe complètement. Quant à choisir…

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