lundi 18 octobre 2010

Nique-nique sur l'Iriki

Sortir du désert est toujours un moment un peu mélancolique. Tandis que la pression de la navigation et du pilotage diminue en retrouvant le goudron, arrive une soudaine lassitude nostalgique de ces grands espaces où le regard se perd dans des perspectives infinies en libérant l’âme des tensions existentielles.
Nous sommes ce soir à Foum Zguid, le corps fourbu, mais l’âme toute propre, comblés par cette longue navigation Saharienne, déjà impatients de poursuivre notre voyage vers le Nord à travers l’Atlas et ses petits villages de montagne.

En partant ce matin de Mahmid nous nous attendions à un départ difficile et n’avons pas été déçus, démarrant par 20 kms de piste sableuse entre les dunes. Si notre technique est maintenant assez au point : regarder où l’on veut aller et pas où l’on roule, alléger l’avant de la moto autant que possible et surtout garder de la vitesse et du régime moteur, n’empêche que ça reste toujours un bel engagement physique.

Pour ne pas risquer de nous planter au milieu des Dunes de Chigaga, nous roulons vers le nord-ouest en direction de la ligne de crête du Jbel Bani bordant la dépression de vallée du Drâa, alternant zones plus ou moins roulantes fonction de la géologie du sol : fins graviers crépitant sous les pneus à crampons, douce pellicule sableuse ou inconfortables pistes caillouteuses. En toutes circonstances nos motos font merveille, incroyables machines à voyager tout terrain. De temps en temps nous croisons quelques chameaux en liberté (en réalité des dromadaires qu’allez savoir pourquoi, les autochtones appellent chameaux…) broutant les maigres arbustes résistants à ces conditions climatiques extrêmes.
Puis la vallée débouche sur lac Iriki, en réalité un lac fossile devenue vaste plaine inondable parfaitement plane, couleur lunaire grise argentée où la diffraction de la lumière génère de spectaculaires et magnifiques mirages pouvant en certaines circonstances tromper la lucidité du voyageur fatigué, convaincu d’apercevoir telle une éphémère chimère, l’oasis tant attendue.
Roulant derrière Didier, je vois soudain la valise gauche de sa moto se faire la belle et partir en tonneaux avant de s’immobiliser à la verticale comme si quelqu’un l’avais posé là. Surpris Didier s’arrête puis fait demi-tour pour constater les dégâts. Au moment de stopper sa moto à hauteur de la valise rebelle, il s’affale lamentablement dans la zone légèrement sableuse.
- Si ça continue va falloir que ça cesse !
Nous rions aux larmes en faisant une réparation de fortune à l’aide d’une sangle très serrée.

Sortant du lac nous passons par un check-point militaire où 2 gars en tenues dépareillées enregistrent les passages sur cette zone « sensible ».
A peine arrêtés l’un des acolytes nous branche misère sexuelle du militaire en faction pour 2 mois dans le désert sans « nique-nique la gazelle ».
Consultant le cahier de passage manuscrit, je retrouve sans peine trace de mes passages précédents. Du coup, devenant familier le gars nous invite à nous assoir près de lui et commence à « parler cul » sans aucune retenue en me passant la main sur le genou, proposant même d’aller manger un œuf avec lui dans sa cabane ... Nous abrégeons après avoir huilé la chaine de son vélo, dont il nous explique l’effet expiatoire en période de libido trop prononcée… et d’ajouter au moment de partir :
- Z’avez pas préservatifs ?
- Pas besoin, on fait de la moto.
Pas sûr qu’il ait bien compris.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai appris des choses interessantes grace a vous, et vous m'avez aide a resoudre un probleme, merci.

- Daniel