samedi 16 octobre 2010

Instinctothérapie...

Vendredi 15 octobre :

Tandis qu’hier soir en dinant, Didier et moi dissertions sur les « petites » choses de la vie, notamment sur les vertus supposées de la sablothérapie - rappelons juste pour les rares personnes qui ne sauraient pas de ce dont il s’agit, que nous parlons ici d’une médecine douce dont les bienfaits viendraient d’un enterrement du corps dans la sable, et souvent pratiquée dans les dunes du sud-marocain - Didier m’expliquait que son truc à lui c’est plutôt l’instinctothérapie.
Là je suppose que spontanément vous voyez mieux le concept : se laisser guider par son instinct en considérant qu’il nous guide naturellement vers ce qui est bon. Pourquoi pas en effet.
Au fait, aujourd’hui, l’instinct de Didier l’a amené par 3 fois au contact du sable. Troublant non ?

A part cela, notre navigation instinctive de Taouz vers Zagora nous a conduit dans les reliefs du Jbel Ougnat sur d’improbables pistes où circulent des petits camions convoyant du minerait blanc arraché à la montagne. En « jardinant » quelque peu (pour les non initiés, terme signifiant qu’on est un peu perdu et à la recherche de sa direction…) nous nous sommes retrouvés dans un cul de sac, sur une hauteur, au milieu d’une équipe de prospecteurs en pleine action. A vrai dire assez ahurissant de voir ces hommes équipés d’outils d’un autre age, creuser à la main d’impressionnants trous à flan de montagne à la poursuite des précieux filons, extrayant des tonnes de minerai blanc scintillant au soleil, presque fluoresçant, comme si la remonté au grand jour des entrailles de la terre lui conférait quelque magique propriété.

Rigolo lorsque nous croisons un 4x4 de location suivi par une très belle BMW 1200 GS dont le pilote en nage, seulement équipé d’un jean, blouson noir et casque de ville, nous demande un peu inquiet comment est la piste d’où nous venons. Sortant juste d’une longue zone de fech-fech à la conjonction de 3 oueds, avec un peu de malice nous lui souhaitons bien du plaisir, poursuivant notre route sur nos motos "vintage".

En fin d’après-midi un vent de sable venant du l’ouest trouble le paysage. Les particules en suspension diffractent la lumière du soleil tombant doucement vers l’horizon en un large halo diffus assez éblouissant. Suivant Didier, la poussière soulevée par la roue arrière de sa moto et aussitôt balayée perpendiculairement par le vent lui donne une allure de comète dont la chevelure laiteuse se dilue dans le cosmos. Juste beau.

L’instinct de Didier, aujourd’hui « capitaine route » nous emmène jusqu’à une petite auberge dans le village de Tafraoute à mi chemin en Taouz et Tagounite notre destination pour demain. Fourbus mais heureux nous rentrons dans la maison de pisé nous mettre à l’abri du vent en dégustant l’inévitable thé à menthe et, tout en sirotant le délicieux breuvage, entamons avec entrain un nouvel échange débridé sur le plaisir de voyager ici et maintenant, cultivant sans prétention, mais avec délectation notre instinctothérapie du bonheur.

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