mercredi 13 octobre 2010

Enduro géant

Mercredi 13 Octobre :

Pour ceux que la moto rebute, peut-être n’est-il pas utile de lire cette chronique et d’attendre la prochaine. Mais c’est vous qui voyez…

Réveil au petit matin dans la maison de notre nouvel ami Mustapha quelque part au beau milieu du Rekkam. Seuls quelques bellement de chèvres et le chant d’un coq trouble la quiétude de l’endroit. Ciel bleu profond, belle lumière, un petit matin comme on les aime.
Petite toilette à la mode locale, un mince filet d’eau simplement versé sur les mains à l’aide d’une bouilloire en fer blanc au dessus d’une bassine métallique. La journée peut commencer.
- Que vas-tu faire aujourd’hui Mustapha ?
- Rien !
Même s’il est évident que les activités possibles sont ici limitées, la réponse est pour le moins déconcertante.
Nous petit déjeunons de nouveau invités par Mustapha - thé sucré et crêpes au beurre rance - avant de nous dire au revoir, remerciant chaleureusement notre hôte pour son accueil désintéressé.

A la fraiche, nous roulons maintenant vers les Sud-Ouest en direction de Anoual. Pur plaisir de pilotage à allure soutenue dans un paysage de western. Y’a pas à dire, faire de la moto dans ces conditions est probablement ce qui se fait de mieux pour ceux (celles) qui aiment, cocktail de sensations de pilotage aux saveurs décuplées par le contexte où tous les sens sont sollicités : découverte des paysages bien sûr, mais aussi vitesse et glisse sur ces pistes variées faites d’un mélange de graviers et de sable, odeur de poussière dans les narines, son du moteur alternant montées en régime et rétrogradages rageurs, effort physique, debout sur les cales pieds, serrant la moto entre les jambes pour faire corps avec l’engin et maîtriser les trajectoires. Parfois aussi quelques petites chaleurs en arrivant un peu vite sur une ornière perpendiculaire à la piste creusée par les pluies des derniers jours, histoire de rappeler sans frais les limites aux pilotes amateurs que nous sommes.
A un moment j’ai comme la désagréable impression que ma roue avant est voilée. Dans le doute j’imagine un ou deux rayons cassés, mais c’est en fait une crevaison. Nous réparons rapidement, profitant de la pause pour faire quelques joyeuses séquences vidéo dont Didier a le secret.
Ce n’est pas une course, et nous prenons le temps de nous arrêter au gré des changements de paysages, crevaisons… ou rencontre inattendues comme ce fut le cas après la difficile descente trialisante, du col de Belkassem, spectaculaires marches naturelles entre les rochers.
Sans casse mais en nage nous nous arrêtons au pied de la descente en vu d’une oasis de carte postale, aussitôt abordé par un jeune homme en mobylette flambant neuve qui nous invite à le suivre. Comme il semble plutôt sympa nous saisissons l’opportunité d’une nouvelle rencontre improvisée.
En fait lui et ses deux frères vivent ici, exploitant leur propre mine de plomb et autres minéraux. Très fièrement ils nous expliquent leur choix de vie : éduqués, n’ayant pas trouvé de travail « en ville », ils ont décidé de démarrer leur propre activité « sans attendre l’aide de l’état ni de personne ». Et leur petite entreprise semble plutôt bien aller. Nous bavardons en sirotant un thé à la menthe, profitant de la douceur du climat de cette fin d’après-midi sous quelques palmiers plantés là par un homme solitaire qui a abandonné les lieux des années déjà.
- Lors de notre prospection, nous avons trouvé un site favorable sur ces montagnes et nous sommes installés là il a quelques mois nous explique l’ainé dans un français impeccable.
Et d’ajouter au moment de nous séparer :
- Vous parlerez de nous dans votre blog ?
Voilà, c’est fait.

Toutes les photos du voyage en cliquant ici

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