Hautes Alpes Italiennes : nous
stoppons dans un cul de sac sur les hauteurs de la vallée de Cogne. Un bout du
monde où la route s’arrête pour laisser place à une nature encore vierge au cœur
du parc naturel « Gran Paradiso », le bien nommé.
D’ici partent une multitude de sentiers
de grandes randonnées, promesses de belles découvertes doublées de sensations
uniques si l’on accepte l’engagement physique nécessaire pour y accéder.
Ca commence toujours doucement à la
sortie d’un village. Là où randonneurs et alpinistes démarrent pour aller au
large, une journée ou plusieurs selon la longueur de la course.
Après avoir
vérifié la météo, on part toujours plein d’entrain, cœur léger, bien chaussés, matériels
et pique-nique dans le sac à dos, casquette et lunettes de soleil. L’objectif de
la journée est un lac d’altitude.
Il fait encore frais. Nous remontons le
lit d’un torrent à l’eau bleue verte s’écoulant « joyeusement » entre
les rochers arrondis. Ce bruit, reconnaissable entre tous, presqu’entêtant si
nous ne le connections à une certaine idée de nature préservée qui rappelle les
vacances à la montagne de notre enfance.
La pente du sentier devient plus forte,
tout comme le courant. Le bruit plus soutenu aussi, presque disproportionné,
comme s’il se passait quelque chose dans la montagne qui se dresse face à nous.
En contre-jour une bruine légère diffracte un arc-en-ciel évanescent. Puis l’on
découvre une cascade tombant des rochers en surplomb. Toujours magiques ces
chutes d’eau que l’on ne se lasse pas de regarder comme les flammes d’un feu de
camp.
De forte, la pente devient raide, voir
abrupte. Succession de marches rocheuses entre les racine d’arbres centenaires
de la dense foret de conifères. Grimper demande un réel engagement physique
avec cette sensation que ça n’en finira jamais.
Le sentier serpente entre les arbres
dans une agréable pénombre rafraîchissante. Tels des rayons laser, quelques
rares rayons du soleil traversent la canopée jusqu’au sous-bois humide et
odorant. On croit apercevoir la sortie de la forêt vers les alpages, mais c’est
une fausse impression. Monter encore en gérant son souffle plus court par l’altitude.
C’est alors la délivrance. Derrière les
arbres de vastes prairies d’alpage verdoyant s’étalent sous nos yeux. Tels de
gros animaux au repos, quelques rochers agrémentent ce paysage en pente douce
dominé par les sommets acérés alentour, monde d’une autre dimension minérale, brute,
inhospitalière.
Derrière nous, la ligne du Mont-Blanc et
des Grandes Jorasses s’étale en majesté, blancheur immaculée piquetée de
quelques flèches de cathédrales léchées par les premiers cumulus en formation. Vision
qui à elle seule vaut la ballade tant par ses dimensions que l’imaginaire qu’elle
génère. Souvenir de belles ascensions engagées qui reviennent en masse et
feraient bien replonger dans de tels projets...
Nous sommes à un peu plus de
mi-parcours, maintenant à découvert sous un soleil radieux. Encore un col à
franchir pour découvrir le lac d’altitude. Nous apercevons le passage étroit au
creux d’un V formé entre deux montagnes. Il parait à quelques encablures mais les
distances sont trompeuses. Il faut reprendre l’effort, celui de nos lointains
aïeuls dont c’était la raison de vivre. « Vivre et survivre » dans le
milieu naturel dont nous sommes issus. Alors que pour nous il n’est plus
question que de plaisir, celui de ce contact intime, si rare, avec la nature.
Encore quelques centaines de mètres et c’est
la récompense. Se découvre sous nos yeux un joyau naturel. Niché au creux du
relief, le petit lac bleu, miroir naturel reflétant le paysage alentour. Instant
de communion parfait avec les éléments qui nous accueillent.
Rien à ajouter ni
enlever, juste contempler avec gratitude.
1 commentaire:
Magnifique mon ami
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