lundi 8 août 2022

Gratitude

 
Hautes Alpes Italiennes : nous stoppons dans un cul de sac sur les hauteurs de la vallée de Cogne. Un bout du monde où la route s’arrête pour laisser place à une nature encore vierge au cœur du parc naturel « Gran Paradiso », le bien nommé.
D’ici partent une multitude de sentiers de grandes randonnées, promesses de belles découvertes doublées de sensations uniques si l’on accepte l’engagement physique nécessaire pour y accéder.
Ca commence toujours doucement à la sortie d’un village. Là où randonneurs et alpinistes démarrent pour aller au large, une journée ou plusieurs selon la longueur de la course. 
Après avoir vérifié la météo, on part toujours plein d’entrain, cœur léger, bien chaussés, matériels et pique-nique dans le sac à dos, casquette et lunettes de soleil. L’objectif de la journée est un lac d’altitude.
Il fait encore frais. Nous remontons le lit d’un torrent à l’eau bleue verte s’écoulant « joyeusement » entre les rochers arrondis. Ce bruit, reconnaissable entre tous, presqu’entêtant si nous ne le connections à une certaine idée de nature préservée qui rappelle les vacances à la montagne de notre enfance.
La pente du sentier devient plus forte, tout comme le courant. Le bruit plus soutenu aussi, presque disproportionné, comme s’il se passait quelque chose dans la montagne qui se dresse face à nous. En contre-jour une bruine légère diffracte un arc-en-ciel évanescent. Puis l’on découvre une cascade tombant des rochers en surplomb. Toujours magiques ces chutes d’eau que l’on ne se lasse pas de regarder comme les flammes d’un feu de camp.
De forte, la pente devient raide, voir abrupte. Succession de marches rocheuses entre les racine d’arbres centenaires de la dense foret de conifères. Grimper demande un réel engagement physique avec cette sensation que ça n’en finira jamais.
Le sentier serpente entre les arbres dans une agréable pénombre rafraîchissante. Tels des rayons laser, quelques rares rayons du soleil traversent la canopée jusqu’au sous-bois humide et odorant. On croit apercevoir la sortie de la forêt vers les alpages, mais c’est une fausse impression. Monter encore en gérant son souffle plus court par l’altitude.
C’est alors la délivrance. Derrière les arbres de vastes prairies d’alpage verdoyant s’étalent sous nos yeux. Tels de gros animaux au repos, quelques rochers agrémentent ce paysage en pente douce dominé par les sommets acérés alentour, monde d’une autre dimension minérale, brute, inhospitalière.
Derrière nous, la ligne du Mont-Blanc et des Grandes Jorasses s’étale en majesté, blancheur immaculée piquetée de quelques flèches de cathédrales léchées par les premiers cumulus en formation. Vision qui à elle seule vaut la ballade tant par ses dimensions que l’imaginaire qu’elle génère. Souvenir de belles ascensions engagées qui reviennent en masse et feraient bien replonger dans de tels projets...
 
Nous sommes à un peu plus de mi-parcours, maintenant à découvert sous un soleil radieux. Encore un col à franchir pour découvrir le lac d’altitude. Nous apercevons le passage étroit au creux d’un V formé entre deux montagnes. Il parait à quelques encablures mais les distances sont trompeuses. Il faut reprendre l’effort, celui de nos lointains aïeuls dont c’était la raison de vivre. « Vivre et survivre » dans le milieu naturel dont nous sommes issus. Alors que pour nous il n’est plus question que de plaisir, celui de ce contact intime, si rare, avec la nature.
 
Encore quelques centaines de mètres et c’est la récompense. Se découvre sous nos yeux un joyau naturel. Niché au creux du relief, le petit lac bleu, miroir naturel reflétant le paysage alentour. Instant de communion parfait avec les éléments qui nous accueillent. 
Rien à ajouter ni enlever, juste contempler avec gratitude.
 
 
 

1 commentaire:

André Grützmacher a dit…

Magnifique mon ami