vendredi 5 août 2022

Du Matrimandir à l'Abbatiale de Conques...

A peine remis de nos pérégrinations Indiennes que nous voilà repartis pour un road-trip Européen à bord de notre fabuleux Gemini (camion de voyage aménagé sur base Mercedes Sprinter 4x4. Une merveille pour les ballades au long cours en totale autonomie...)

Comme un fait exprès, la première étape nous fait arriver à Conques, où un ami nous attend pour une visite de l’Abbaye, haut lieu des chemins de Compostelle, nichée dans l’Aveyron au creux de l’étroite vallée du Dourdou.

La porte principale de la solide abbatiale de pierres rouges donne sur une petite place pavée circulaire autour de laquelle s’enroulent de jolies maisons moyenâgeuses à colombage. L’unité architecturale simple et remarquable a été préservée de l’outrage du temps. Et il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui encore les bâtisseurs retrouveraient l’esprit de leurs constructions. Imaginer revoir l’arche de la Défense dans son environnement à « l’identique » en l’an de grâce 2922...

Si l’abbatiale construite sur 8 générations est en tant que telle remarquable, le tympan – sculpture ornant sa porte principale – est un rare chef d’œuvre qui nous plonge en deux dimensions dans la mythologie profonde de la chrétienté : de gauche à droite « le bien » et « le mal » représentés par les saints élus au paradis et les damnés de l’enfer. De bas en haut le passé et l’avenir. Et bien sûr Jésus, Dieu le rédempteur bienveillant, au-dessus de tout.

Comme un miracle, cette sculpture d’une remarquable précision a traversé les siècles sans une égratignure. S’y dégage une vraie joie, comme dans une bande dessinée simple et expressive à l’attention des pèlerins de passage pour la plupart illettrés. Juste regarder pour comprendre l’histoire illustrée et colorisée - dont il reste d’ailleurs encore quelques traces polychromes - avant d’entrer dans le lieu de culte. Aujourd’hui exposée dans une annexe sécurisée, y trônait en majesté la statue-reliquaire de Sainte Foy. L’impression devait être tout à fait saisissante. Depuis la jolie place claire inondée de soleil, on entrait dans la pénombre de l’imposante abbatiale. Par différence il y faisait presque noir. On avançait religieusement entre les hautes piles, le regard très certainement aimanté par la statue en or rehaussée de pierre précieuses scintillantes sous le faible éclairage de bougies en appoint des rayons lumineux tombant des vitraux.

Que pouvaient ressentir ces pèlerins devant tant de magnificence ? Eux qui pour la plupart vivaient dans de rudes conditions sans la moindre idée des beautés du vaste monde.

De tels moments ne pouvaient que conforter leurs croyances, cette foi chrétienne prônée par un clergé qui, à l’époque, en récoltait pleinement les fruits par le truchement d’un modèle économique parfait : se faire payer les peines de la vie terrestre contre l’assurance du paradis.

 



 

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