-
Il est
peut-être temps de rentrer tu ne crois pas...
- - Déjà ?
- - Puisqu’il
faut s’y résoudre regardons la carte.
- - Les
hospices de Beaune ?
- - Pourquoi
cette idée ?
- - J’sais
pas. C’est sur notre route et il parait que c’est très joli.
De bon matin nous entrons dans les
hospices par une petite porte qui ne paye pas de mine donnant sur une rue
pavée. Déjà quelques visiteurs se pressent en ce lieu qui, dans mon imaginaire ignorant,
est étroitement lié à la culture viticole Bourguignonne. Mais c’était sans
compter sur la découverte d’un lieu unique crée au 15ème siècle par
Nicolas Rolin et Guigone de Salins.
Ces deux-là étaient visiblement très
amoureux mais vivaient dans la crainte de Dieu, ou plutôt du jugement dernier. Lorsqu’il
serait question d’évaluer les mérites de la vie terrestre contre ceux à venir
de la vie éternelle. Sacré enjeu qui, à l’époque, et sans doute pour certains
encore de nos jours, hantait l’existence jusqu’à en diaboliser l’issue.
Alors, pour assurer le coup, Nicolas et
Guigone, surtout Nicolas au tout début – avaient-il plus de pêchés à se faire
pardonner – décida de créer une fondation de bienfaisance dédiée « au soin
des pôvres ». Il faut dire que chancelier des Ducs de Bourgogne, Nicolas
avait été richement doté. De là à culpabiliser sur l’intégrité de ses
émoluments et de les absoudre en réinvestissant une partie significative dans
cette œuvre ? Car Nicolas ne s’en cacha pas : « ... dans l’intérêt
de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens
temporels [...] je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un
hôpital pour les pauvres malades ... »
On ne peut plus clair le Nicolas.
Mais ne boudons pas notre plaisir. La
découverte des hospices est un ravissement tant l’œuvre est grandiose. De
là-haut, Nicolas et Guigone peuvent être fiers de leur contribution terrestre
presque 600 ans après leur initiative. Et il faut bien reconnaître que cette
perspective prend une dimension vertigineuse tant l’œuvre a prospéré
au long des siècles. Pas de doute qu’ils aient atteint leur objectif dans ses
dimensions temporelles et intemporelles.
Le bâtiment est à lui seul majestueux,
savamment construit sur une petite rivière permettant d’en disposer à volonté
tant pour l’approvisionnement en eau que l’évacuation des déchets. On n’est
jamais trop pratique.
La pièce maîtresse de la construction
est une très grande salle où sont disposés latéralement les lits des malades
isolés par des cloisons de bois et des rideaux.
La charpente monumentale de la
construction, richement ouvragée, donne sur un plafond vouté joliment décoré de
couleurs chaudes. En perspective, la chapelle attenante d’où la lumière divine
éclaire un crucifix à travers un élégant vitrail polychrome. Entrer dans ce
lieu était certainement déjà une partie du traitement promulguée aux indigents
de passage qui échappaient, pour un temps, à leurs conditions misérables et
bénéficiaient de soins prodigués par des religieuses dévouées.
Il y aurait tant d’autre à dire sur ces
hospices. Le plus remarquable est très certainement l’ensemble des services
annexes développés pour les besoins de la cause. Tout particulièrement des
techniques thérapeutiques et de pharmacopées, et leurs évolutions au long des siècles : depuis les
saignées et lavements permettant "d’évacuer les miasmes d’un corps croupis",
jusqu’aux techniques de radiologie contemporaines. Car, tout à fait
remarquable, avant de devenir un passionnant musée, l’hôpital à fonctionné
jusque dans les années 1970 !
Et au fait, le lien avec la culture
viticole bourguignonne ?
Bien oui, jusqu’à une période pas si
ancienne, l’eau généralement insalubre n’était pas recommandée comme boisson...
Et de la même façon que de bonnes Abbayes avaient développé les techniques de
brassage de bière pour la rendre buvable, ici on développa la vinification qui,
de fonction purement pratique, a été portée au pinacle de la viticulture.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire