jeudi 18 novembre 2010

Monsieur le Président,

Français arrivant d’Asie, je suis depuis quelques jours au cœur de ce grand et beau pays dont vous avez la charge.

Très honnêtement on ne peut pas dire que l’accueil initial sur le territoire des Etats-Unis d’Amérique soit particulièrement chaleureux : attente interminable aux douanes et agents jouant les gros bras. Sans vouloir vous offenser, cela ressemble un peu à ce que l’on nous jouait lorsqu’il s’agissait d’entrer en URSS avant la pérestroïka. Mais il vrai que depuis l’attentat du 11 septembre 2001, le rapport au monde de l’Amérique à changé, et il faut bien admettre que vous n’y êtes pour rien.
La barrière une fois franchie l’immersion est un immédiate : décors impeccables, souvent impressionnants, parfois un peu kitsch. Enseignes lumineuses au dessus des bars diffusant de l’excellente musique rock où vos compatriotes mangent à toute heure de la junk-food avec les doigts en buvant bières et soft drinks. Evidemment les dégâts sur la santé ne vous ont pas échappé, et je crois même que votre épouse a crée pour l’exemple un petit jardin bio dans le parc de la Maison Blanche. Rigolo mais à mon avis pas très efficace.
En revanche, ce qui est très sympa en arrivant en Amérique, c’est qu’aussitôt repéré par les vos compatriotes (allez savoir comment), ils n’hésitent pas à vous aborder très naturellement, histoire de savoir d’où venez, ce que vous venez faire et s’ils peuvent vous donner un coup de main. Bien que j’avoue n’avoir pas essayé, j’imagine même qu’ils seraient fiers de vous filer 10$ si on leur demandait, flattés d’une telle reconnaissance par le modeste étranger venu goûter la réussite de leur American Dream.
C’est vrai qu’ils sont tellement fiers de leur drapeau qu’il en y a partout. Même si ça fait parti du décor, à force ça fini par lasser.
Unie derrière le drapeau votre nation est extraordinairement solidaire des p’tits soldats acteurs de la « pax americana ». Pas toujours facile à comprendre pour le visiteur non averti.
Comme vous savez, vous avez un grave problème de santé public. L’obésité oppressante où le slim devient presque l’exception prend des proportions catastrophiques. Je n’imagine pas que cela ne puisse avoir de conséquences non seulement sur les coûts de la santé, mais aussi sur le dynamisme de votre grand pays. Mais ce que je vous dis…
En revanche, en pleine crise économique vos compatriotes arborent un comportement exemplaire. Si à l’évidence ce n’est pas simple pour tout le monde tous les jours, autant que je puisse en juger les gens ici ne se plaignent pas, n’hésitent pas à se remettre en cause, font preuve de souplesse et de mobilité ; certainement l’un des génies de l’Amérique qui nous donne un bel exemple.
Tellement confiants dans leur capacité à améliorer leur situation économique, leur consommation frénétique basée sur les systèmes de crédit revolving n’est-il pas un peu dangereux ? Pas sûr que la dépression actuelle après la crise des subprimes servent de leçon. Mais finalement où est la raison dans cette affaire ?
Et même si le roi dollar est un peu battu en brèche, le billet vert reste ici LA valeur étalon, référence absolue de la réussite sociale.
Heureusement Dieu est là pour donner bonne conscience à tout le monde. D’ailleurs n’avez-vous pas vous-même prêté serment sur la Bible ? Curieux tout de même pour un grand pays à vocation laïque.
Mais reconnaissons honnêtement que malgré ses excès, votre démocratie fait l’admiration de beaucoup pays englués dans des systèmes vieillissants où le renouvellement politique n’existe pas…
Votre élection a d’ailleurs inspiré beaucoup de citoyens non américain dont je fais parti, et votre popularité internationale redore partout l’image des Etats-Unis qui en avait tellement besoin.

Votre temps étant précieux je ne voudrais pas abuser. Si je peux me permettre un dernier mot : soyez prudent. Autant votre popularité est grande en dehors de vos frontières, autant il existe aux Etats-Unis une frange significative de la population conservatrice activiste n’ayant pas encore digérée votre élection qui utilise tous les prétextes pour vous faire porter le chapeau de la crise actuelle, prête à tout pour vous écarter du pouvoir…

Recevez Monsieur le Président mes plus respectueuses salutations.

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