
Un peu surpris par le côté pour le moins ostentatoire de l’engin, Shuchen, notre manager local, m’explique que nous devons aujourd’hui impressionner nos interlocuteurs. Il faut faire riche, et ici les signes extérieurs sont de puissants leviers. Zut, je n’ai ni Rolex ni costume Armani. Il falloir faire sans les accessoires mais avec la grosse auto...
En fait même si pour nous n’est encore officiel, n’ayant encore reçu aucun avis, il est déjà certain que allons devoir rapidement abandonner notre siège social et unité de production principale. Nous partons donc pour rencontrer les officiels et tenter d’obtenir la meilleure indemnisation possible, raison du grand jeu.
Et Shuchen de me prévenir :
- Tu vas voir, c’est impressionnant.
- Qu’est-ce qui est impressionnant ?
- Tu verras par toi-même…
Nous entrons dans Pixian totalement empoussiérée et encombrée par des norias de camions de chantier chargés de gravas, puis prenons la direction de nos installations. La route est
Je fais préciser à Shuchen :
- A détruire où à démolir ?
- A détruire, Fred. C’est bien écrit à détruire.
Mais finalement quelle importance ?
Et Shuchen d’ajouter, visiblement affecté :
- C’est triste n’est-ce pas ?
Le moins que l’on puisse dire en effet.
Il s’agit en fait d’un gigantesque projet d’implantation industriel de 400.000 personnes, vous avez bien lu quatre cent mille, relocalisé ici et nécessitant non seulement la construction d’immenses usines de matériels électroniques, mais aussi de nombreux logements. Ni plus ni moins qu’une ville entière ! J’en ai la chair de poule, avec cette impression de vivre l’improbable scénario d’un film d’anticipation dont le titre pourrait être quelque chose du genre : Electronic’City.
Chine, usine du monde…
Nous arrivons sur nos installations, ilot au milieu des gravats. Surréaliste.
- Et pour nous, que va-t-il se passer ?
- Nous sommes sous pression, et allons devoir dégager dans les prochains mois. Me répond Shuchen. Et d'ajouter :
- Mais nous allons résister pour obtenir la meilleure indemnisation possible. Tu comprends, c’est tactique de leur part.
- Mais de la part de qui ?
- Et bien de l’administration.
- Mais nous n’avons pas été prévenu n’est-ce pas ?
- C’est exprès. Ils veulent nous forcer à négocier l’indemnisation. Y’a pas de règle précise. Alors chacun compte ses sous…
Belle bataille en perspective.
Entrant dans le bureau je branche mon ordinateur sur le cable ADSL. Bizarrement pas de connexion. On vient de nous couper l’internet. Les hostilités commencent.
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