vendredi 27 novembre 2009

Voyage intersidéral



Boudnib, Jeudi 26 :

Nous nous sommes quittés hier soir alors que je commençais vraiment à me geler en rédigeant la petite chronique quotidienne, assis sur un siège de camping, sous trois épaisseurs de fourrures polaires, et déjà impatient de tomber dans les bras de Morphée sous les étoiles.
Question gel les choses ne se sont ensuite pas réellement arrangées. Je me suis glissé dans mes quatre épaisseurs de sacs de couchage les pieds glacés (sac se soie + sac de couchage 0° + sur-sac de couchage « grand froid » + un autre sac de couchage militaire, sans oublier bien sûr de garder ma paire de chaussettes) et, malgré ce luxe de précaution, ne suis pas parvenu à réellement les réchauffer de toute la nuit…
Mais ce fut un bien petit désagrément comparé à l’immense plaisir du voyage cosmique des dernières 24 heures.

Donc décollage hier soir vers 22h30. Emmitouflé sous mes 4 couches de sac, capuche serrée ne laissant passer que les yeux, allongé sur mon lit de camp, je suis paré au décollage.
Déjà la lune décline doucement vers l’ouest et le ciel d’un noir absolu où que porte le regard, s’illumine d’innombrables feux stellaires.
Au nord, l’étoile polaire, pile dans l’axe de rotation de notre planète, et autour de laquelle semble donc tourner toute les autres étoiles, est plus basse sur l’horizon. Le corps de la Grande Ours est déjà partiellement masqué, image tout à fait inhabituelle pour nous qui vivons plus au Nord.
Au zénith, le W de Cassiopée semble comme accroché au milieu de la voie lacté tandis qu’à l’Est les Pléiades scintillantes montent doucement vers le sommet de la voute céleste.
Et pas un bruit. Pas même le moindre petit souffle d’air ou sonorité venant de quelque activité humaine ou animale. Un silence absolu, profond, assourdissant, seulement troublé par les pulsations de mon propre cœur. Etrange sensation de faire parti, pour un éphémère instant à l’échelle cosmique, du grand mouvement de l’univers.
Je m’endors bercé par cette vertigineuse sensation.
3h23 du matin, réveil les pieds toujours gelés. En ouvrant les yeux j’ai comme l’impression d’être immédiatement aspiré par l’espace intersidéral. La lune est maintenant couchée, et sur fond de ciel d’encre j’ai comme la sensation de voler parmi les étoiles. Et pourtant je n’ai rien pris pouvant générer de tels effets « hallucinogène »… Au contraire, parfaitement lucide je profite pleinement de ce moment qu’offre la nature. La voie lactée est d’une clarté et profondeur extraordinaire. Cette lueur laiteuse générée par notre propre galaxie vue de la tranche porte en elle des milliards d’années d’histoire, temps que la met la lumières des étoiles les plus lointaines à nous parvenir. Certaines d’entre elles n’existent plus alors que leur lumière nous parvient encore. Regarder les étoiles est comme remonter le temps. Plus l’on regarde loin, plus on regarde tôt dans l’histoire de l’univers.
Tandis qu’à l’Est, Orion, constellation d’hivers, monte sur l’horizon, précédée de Sirius l’étoile la plus brillante de l’hémisphère nord, mes paupières se fond de nouveau plus lourdes et je me rendors en me disant que j’aurais vraiment du mettre 2 paires de chaussettes…
6h30 : l’horizon s’éclaircit très légèrement à l’Est. Plus que 2 heures avant le levé du soleil et que ses premiers rayons veuillent bien distiller les calories dont mon corps commence à avoir besoin après un tel voyage.

Réveillé par Jo vers 7h45, nous déjeunons en profitant des premières lueurs du jour.
Le thé brûlant associé au rayonnement de notre étoile à tôt fait de réchauffer nos corps encore engourdis.
Et déjà il nous faut repartir pour une nouvelle navigation. Land-Rover, le vaisseau spécialement adapté à ce type de terrain, doit permettre de franchir les obstacles nous séparant de notre objectif de ce soir : Boudnib.

Quelle nouvelle journée magnifique !
Des paysages à couper le souffle, alternance de larges vallées recailleuses bordées de lignes de crètes et entrecoupées de passages d’Oued acrobatiques où le Discovery donne le meilleur de son potentiel.
De temps en temps de furtives rencontres avec quelques habitants de ces lieux à priori inhospitaliers, et pourtant tellement attirants, où ceux qui y vivent ont su développer avec modestie un mode vie adapté aux conditions extrêmes. Respect !

Il est 18h passé lorsque nous parvenons à Boudnib après environ 170 km de piste aujourd’hui, dont les 19 derniers parcourus en plus d’une 1h30 sur une ancienne piste visiblement abandonnée ; poussiéreux, fourbus, mais heu-reux.

Demain « Objectif dune ! »

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut Fred,

Honnetement et tres egoistement, ca valait le coup que tu ai froid toute la nuit non ? Sinon, tu aurais rate la galaxie en fete et nous on aurait pas eu droit a un txte aussi beau sous les etoiles !
" Les vrais voyageurs sont ceux-la qui partent pour partir". Baudelaire.