samedi 28 novembre 2009

On a marché sur la dune !


Merzouga, le 27 Novembre :

La nuit à l’hôtel Hamada de Boudnib fut bienvenue après la longue journée d’hier, particulièrement le dernier tronçon, sur une piste abandonnée ravagée par l’érosion des oueds lors des rares pluies que le sol imperméable transforme en torrent violent et où le Discovery, dans son milieu naturel, a prouvé une nouvelle fois ses formidables capacités de franchissement dans des positions parfois impressionnantes. Mais ça la fait…

Modeste, l’établissement où nous sommes les seuls et probablement exceptionnels clients est d’une rare saleté vite oubliée grâce à la gentillesse des tenanciers, un vieux monsieur chaleureux et ses deux fils, auteurs d’un délicieux tagine poulet fondant et confit à souhait.

Ce matin réveil au chant du Muézine et ses mélopées un peu nasillardes mais très agréables.
Tandis que nous p’tit déjeunons à la « terrasse » de l’établissement donnant sur la place du village, hier soir encore fourmillant d’activité et toujours endormie à cette heure matinale, quelques rideaux métalliques de boutiques s’ouvrent bruyamment. Il fait encore frais et nous attendons les premières caresses du soleil en sirotant café et thé brulants accompagnés de pain frais à la confiture d’abricot nationale, lorsqu’une petite fille au visage éclairée d’un sourire rayonnant s’approche vers nous pour spontanément nous faire une bise avec un naturel touchant. Puis elle poursuit son chemin comme si de rien était. Instant de grâce.

En sortant de Boudnid nous empruntons une piste bien tracée vers le Sud-ouest. Roulant doucement nous dissertons sur le sens de la vie, stimulés par la beauté des paysages aux couleurs réchauffées par la présence de sables portés par les vents depuis le Grand Erg Occidental plus au Sud. La piste se fait aussi plus douce. Par chance nous bénéficions de conditions météo idéales sublimant cette nature minérale.
Au détour d’un petit relief nous tombons sur un puits où des nomades tirent l’eau pour le troupeau. Têtes protégés sous les chèches traditionnels de ces régions sahariennes, ils gèrent montées et descentes alternatives de deux grosses outres reliées, par un long câble de la profondeur du puits, une quarantaine de mètres, à deux mules de part et d’autre de la margelle, outres dont le précieux contenu est ensuite déversé dans des abreuvoirs à la disposition des animaux.
Progressivement la piste d’infléchie vers le Sud-est. Nous roulons sur un plateau rocailleux bordé à notre gauche par un relief marquant la frontière avec l’Algérie, et à notre droite par une vaste dépression, zone de rivières asséchées envahie par les sables dont les congères devenues dunes évoluent au gré des vents et que nous attendons de découvrir avec impatience.
A certains endroits le plateau sur lequel nous roulons s’est effondré dans la dépression sablonneuse en d’énormes blocs, comme si une force titanesque en avait effrité le bord à coup de pioche géante.
Après environ 150 km, une impressionnante descente caillouteuse nous conduit dans la vallée sablonneuse. Nous apercevons les premières dunes déjà dorées par le soleil du milieu d’après-midi. Notre cap repasse à l’Ouest naviguant alternativement entre lits d’oueds, oasis verdoyantes aux allures de cartes postales postcoloniales, et regs anthracites. Les nuances de couleurs sont exceptionnelles.
En sortant d’une oasis, nous découvrons un cimetière où les corps simplement recouverts de terre et de sable au pied d’une simple stèle de pierre reposent ici après y avoir vécu chichement.
Soudain l’horizon semble comme éclairé par une étrange lueur orangée… Pas d’erreur, il s’agit bien du sommet de l’Erg Chebbi, énorme dune dont la belle couleur dorée tranche avec les reliefs dans des nuances de gris foncé presque noir aux premiers plans. En approchant nous découvrons les formes sensuelles de cette masse mouvante que nous décidons de contourner par le Sud-est, avant de remonter par l’autre coté vers Merzouga notre objectif de ce soir.
En approchant de l’erg la piste devient franchement sablonneuse, marquées de profondes ornières mouvantes zigzagants entre des dunes de plus en plus impressionnantes qu’il s’agit de contourner sans s’ensabler. Surtout ne pas s’arrêter. Le Disco fait encore une fois merveille. Nous roulons en 2ème avec suffisamment de régime moteur pour ne pas trop s’enfoncer dans ces terrains mouvants. Lorsqu’elles ne peuvent pas être contournées, les dunes doivent être franchies par la crête, impressionnant jeu de montagnes Russes demandant une attention soutenue pour ne pas risquer le tonneau.
Il est maintenant 17h30, le soleil se rapproche de l’horizon donnant à l’énorme masse sableuse une esthétique majestueuse. La nature à parfois le don d’offrir des spectacles inoubliables.
Et cette piste qui n’en finit pas de « contourner » l’Erg en s’incurvant maintenant vers le Nord-ouest, quand au loin nous croyons distinguer une ligne électrique, impression confirmée par l’apparition des premières maisons en pisé fondues dans le paysage. Effectivement, quelques kilomètres plus loin nous rejoignons la route asphaltée. Au hasard nous prenons à droite, vers le Nord. Le soleil se couche lorsque nous entrons dans Merzouga à la recherche du Riad de Larbi, une bonne adresse recommandée par Thomas.

(Désolé, peu d'images ce soir du fait de la mauvaise qualité du réseau...)

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