jeudi 26 novembre 2009

Tout est calme sur le Rekkam


Mercredi 25, quelque part sur le plateau du Rekkam…

7h15 mercredi matin : Jo frappe doucement à la porte de ma chambre. Comme les vieux couples nous faisons chambre à part afin de ne pas gêner l’autre dans son sommeil léger, la nuit étant tous deux d’un naturel un peu agité…
Après avoir acheté deux baguettes encore chaudes chez le boulanger du quartier, petit déjeuner improvisé au « Café des Rendez-vous » au coin de la place principale. A la table d’à coté des petits vieux en babouches et djellaba de laine crue sirote leur café au lait encore fumant.
En regardant le minaret de la mosquée colonisé par les cigognes, je m’étonne de ne pas avoir encore entendu le chant du muézine. Peut-être étais-je encore endormi, à moins que ce soit lui qui ne se soit pas réveillé ce matin…

En partant, premier arrêt à la station service faire le plein de gas-oil, plus un bidon de secours, ainsi que d’un jerricane d’eau. On n’est jamais trop prudent.
Temps magnifique ce matin.
Quittant Guercif nous roulons au sud sur une étroite bande asphaltée à la recherche de la petite piste d’accès au plateau du Rekkam que nous retrouvons sans difficulté. Une fois les pneus dégonflés à 1,5 kg pour plus de confort dans la voiture, nous entamons doucement l’ascension sur cette piste étroite et caillouteuse. Sur notre gauche, la vallée s’étend à perte de vue vers l’ouest illuminée par le soleil encore rasant du début de matinée.
A 1500 m d’altitude nous débouchons sur ce plateau, remettons le compteur à zéro en démarrant notre navigation à vue au cap Sud-est, Sud-ouest, puis de nouveau Sud-est. Distance à parcourir environ 300 km. L’air est vif et la promenade s’annonce jolie.
De loin en loin quelques troupeaux d’ovins épars semblent brouter les pierres, en réalité la très maigre végétation poussant sur un sol rocailleux au fond de terre rouge.
Des tentes nomades d’où s’échappe parfois une fumée bleutée abrite les familles des bergers nomades à la recherche des meilleurs pâturages sur ces terres arides.
Au début clairsemés, les maigres arbustes aux allures de bonzaï finissent par totalement disparaitre et avec eux les derniers oiseaux.
Nous roulons maintenant sur la planète Mars dans des paysages tels que nous les ont transmis les robots Spirit et Opportunity : sol rouge parsemé de pierres de différentes tailles. Relief légèrement ondulé où, à l’horizon, le ciel poussiéreux diffracte la lumière d’un soleil délavé. A petite vitesse nous profitons de ces grands espaces où le regard se perd et l’esprit s’évade. La beauté est dans l’immensité et la sobriété de ce monde minéral.
Après la pause déjeuné au milieu de nulle part, nous repartons, roulant distraitement, naviguant un peu au hasard sans réellement savoir où nous nous trouvons.
Pour le jeu et par précaution, nous finissons par reporter sur la carte les coordonnées GPS du point où nous sommes arrêté : bien plus à l’Ouest qu’imaginé ! En tendant de corriger le cap nous « jardinons » dans une zone parsemée de petites constructions de pierres, probablement habités au gré des transhumances des troupeaux.
Le soleil décline et il est maintenant temps de nous arrêter pour le bivouac afin de profiter des derniers instants magiques d’une belle journée dans le désert. Sans réellement savoir où nous sommes nous stoppons le Land-Rover sur une zone plane et relativement peu caillouteuse et montons sans plus de délai la tente de Jo. Trop facile la Quechua 3 secondes ! Nous verrons demain pour le repliage…
Tout juste installés des gars du coin nous rejoignent pour un brin de causette. Trois générations : un papy en babouche et djellaba de laine au visage buriné et plutôt sympathique, un homme dans la trentaine en djellaba orange et mobylette hors d’âge assortie, un ado à casquette et un petit garçon adorable. Notre arabe étant aussi inexistant que leur français, nous leur offrons le thé à la mode Européenne, du Lipton Yellow très sucré qu’ils ont l’air d’apprécier.
Ils nous quittent comme ils sont venus après que nous ayons tenté de leur expliquer que le gas-oil ne pouvait pas convenir à la mobylette et qu’ils nous aient indiqué « la route » pour demain. Pas sûr que nous nous ne soyons bien compris, mais le moment était plaisant.
Il fait maintenant nuit et nous dinons chaud, assis autour de la table de camping. Le confort moderne a tout de même du bon.

Il est 22h. Mon co-équipier ronfle sans retenue dans sa tente. Je dois maintenant vous laisser car je commence vraiment à me les geler sous la lumière froide de la demi-lune. Mon lit de camp et mon duvet m’attendent à coté. Pour rien au monde je ne voudrais manquer cette nouvelle chance d’un voyage nocturne sous les étoiles. C’est promis, demain je vous raconte comment c’était.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut Fred,

J'espere que vous avez bien dormi, la tete sous les etoiles. Ca aide pour garder le cap a travers Rekkam le rouge et a replier correctement la Quechua en 8...
Bonne journee a vous deux !
Joelle