On entre au Portugal comme en Amérique Latine. Ironie de l’histoire de ce petit pays dont l’influence
culturelle l’a largement dépassé. Et même si les Brésiliens sont les seuls à parler portugais - tandis que les voisins sont hispanisants -
dans la concurrence de découvertes-conquêtes entre ces deux pays, l’empreinte
du Portugal sous l’égide notamment de Vasco de Gama et Magellan est
certainement supérieure à celle laissée par la langue parlée.
Il faut dire qu’avec le trait de côte le
plus avancé du continent européen dans l’Atlantique, il y avait de quoi
stimuler l’imagination des navigateurs les plus audacieux. Et ils sont partis au
large pour d’incroyables odyssées, rapportant des récits extraordinaires à l'origine des routes commerciales stimulant les appétits coloniaux d’une longue période de prospérité. Celle-ci permit le développement de cités
remarquables, constructions civiles et religieuses grâce à la fortune de
quelques grandes familles de mèche avec le clergé.
Regarder les cartes de ces découvreurs
est fascinant. Traçant des lignes à travers des océans inexplorés, ils
rejoignaient des terres inconnues à la rencontre des peuples autochtones. Les
premiers contacts devaient être des moments absolument uniques dont la charge
émotionnelle n’était sans doute pas si différente « qu’une rencontre du 3ème
type ».
Puis c’est comme si le pays s’était
assoupi, perdant de son influence, laissant même aux affres du temps son
patrimoine architectural. Cycle des nations comme celui des entreprises entre périodes de croissance et déclin. Jusqu’à l’époque contemporaine et le régime
autocratique de Salazar dans les années 70.
Je garde en mémoire de cette époque des
souvenirs très précis de collégien, familles portugaises immigrées mettant
leurs enfants à l’école pour apprendre le français, tandis que leurs papas
venaient donner main forte aux ouvriers de la construction.
En 1986 la Portugal rejoint l’UE.
Début difficile. Mais depuis les années 2000, grâce à l’Europe le pays retrouve
une période de prospérité et, telle une belle endormie, redonne vie à son
patrimoine exceptionnel.
Nous nous arrêtons à Ponte de Lima,
Braga, Guimaraes, Porto...
A chaque fois c’est un enchantement.
Partout des travaux de reconstruction et d’embellissement de cités millénaires
ayant connu leurs périodes de prospérité avant de tomber en léthargie. Comme si
l’indolence du Fado avec inhibé pour un temps l'énergie du pays.
Des églises baroques bien sûr pour ce
peuple que la religion a façonné. Egalement des musées et monuments joliment
mis en valeur. Mais surtout, de parts et d’autres de rues le plus souvent pavées,
des maisons aux façades exceptionnelles, céramiques colorées et balcons ornés
de fers forgés. Et comment ne pas s’arrêter dans ces restaurants où poisson et fruits de mer sont
délicieusement préparés ?
En cette saison, flâner à Porto le long
du fleuve Douro est un ravissement. Malgré un soleil intense, l’air océanique
maintien la température à un niveau agréable. Puis l’on monte dans la vieille
ville par des ruelles pavées abruptes débouchant sur des places où il fait bon
siroter d’excellents cafés. La gare vaut de détour. Atmosphère du début du siècle
dernier où les trains arrivent en bout de lignes sous une très haute toiture baroque
en fer ajourée d’un lanterneau pour évacuer la vapeur...
Nous nous arrêtons visiter l’exceptionnelle
Eglise Sao Francisco et son musée. Tandis que je musarde dans l’entrée, une
famille se présente à la billetterie. Puis, sans aucune retenue la mère de
famille (française) se retourne vers son conjoint et ses deux enfants :
-
Non
mais ça va pas. Dix euros pour entrer dans une église. On n’est quand même pas
des pigeons !
Je ne peux m’empêcher de lui répondre :
-
Mais
c’est bien plus qu’une église, l'histoire de notre culture Européenne
Madame.
Elle me fixe dans les yeux en haussant
les épaules et quitte les lieux avec sa petite troupe.
Au moins on sait qui tient la baraque dans cette famille !
1 commentaire:
Beau récit de voyage qui donne envie de découvrir ce petit pays à la grande histoire, merci 🙏
Et grâce au traité de Tordesillas, on parle portugais au Brésil, entre autre..
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