Arrivant dans une grande ville, le
voyageur s’enquiert souvent des lieux remarquables et tombe généralement sur cathédrales,
châteaux et musées, plus rarement sur les universités. Or s’il est bien des lieux
à visiter, ce sont ceux où se développent les savoirs.
Ouvertes aux étudiants, les universités
ne devraient-elles pas l’être aussi aux visiteurs de passage ? Juste pour aller flâner dans les
allées, jeter un œil aux amphithéâtres, éventuellement y déjeuner au restau U
pour y croiser les étudiants, et surtout avoir accès aux bibliothèques, lieux
magiques concentrant la connaissance dans les ouvrages classés sur les
étagères.
Cette seule perspective m’a toujours
enchanté, comme celle d’un paysage profond depuis le sommet d’un col de
montagne d’où l’on voit si loin que l’imagination relaye la seule vision. On
sait bien que l’on ne pourra pas tout explorer, mais l’horizon dégagé élargit
le champ des possibles. Comme dans une bibliothèque où l’on sait que l’on ne
pourra pas tout lire, mais le seul fait de s’y trouver offre de fabuleuses
perspectives d’exploration. Il faudrait avoir bien plus de 2 vies pour se
donner le temps nécessaire à l’érudition.
N’avez-vous jamais touché un livre très
ancien ? De ceux, si précieux, qu’il faut mettre des gants pour ne pas en abîmer
les feuilles hors d’âge ? Je veux parler ici de manuscrits du moyen-âge ou
de la renaissance. Impossibles à lire pour le commun des mortels, mais d’une
beauté incomparable par le ce qu’ils racontent, souvent agrémentés de sublimes
enluminures ou dessins des auteurs illustrant leurs pensées. Cela vous transporte
dans le grand tourbillon de la connaissance, celui ininterrompu que le genre
humain a développé au long des générations jusqu’à aujourd’hui.
En ces temps anciens, quelques érudits
pouvaient se targuer de « toutes les connaissances du monde » tant
les livres étaient rares et précieux. Aujourd’hui nous avons tous le cerveau
augmenté – certains grincheux diront diminué, car il est bien connu que c’était
mieux avant – par l’accès instantané au savoir de "Goople" sur nos smartphones.
Mais avons-nous vraiment conscience de comment ce fut possible ?
Flâner dans une bibliothèque peut nous y
aider.
L’arrivée sur Salamanque est impressionnante
tant la Cathédrale écrase la ville de sa masse imposante. Comme souvent dans
ces villes médiévales, elles sont le phare de la cité vers lequel converge les
visiteurs. Celle-ci n’échappe pas à la règle. Impossible donc de l’éviter, et
pourquoi le faudrait-il tant l’ouvrage est remarquable, plus encore de l’intérieur.
Mais Salamanque abrite aussi l’une des
plus anciennes universités Européennes. Depuis presque 1000 ans on y enseigne les
sciences, la philosophie, les arts, la médecine, le droit, ..., initiative du
Roi Alphonse IX pour des raisons de souveraineté vis-à-vis de ses influents
voisins. Il avait tout compris Alphonse. L’éducation contre la domination. Sans doute son heureuse initiative n’a pas tout résolu. Mais sans aucun doute a t-elle contribué aux progrès de notre civilisation Européenne.
La bibliothèque est un joyau impossible
de visiter. Dommage. Mais l’on peut s’en rapprocher jusqu’à la magnifique entrée
de l’université, en fait 2 simples portes de bois sous un imposant tympan de pierres ouvragées
où, par une observation attentive, on découvre mille et un détails, en réalité
des messages des promoteurs du lieu aux étudiants et visiteurs : l’autorité
royale, Dieu, la vie, la mort, les sciences, la philosophie, la justice, sans
oublier la petite grenouille posée sur un crâne, minuscule détail de l’ensemble
mais qui, selon la légende, portait bonheur aux étudiants qui parvenaient à l’identifier.
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