Nazaré au Portugal est aux surfeurs ce
que sont le Mans ou Indianapolis pour les fans de sport automobile. L’endroit où
il faut aller au moins une fois dans sa vie pour ressentir les vibrations
uniques au format XXL d’un sport poussé à son extrême.
Nous rejoignons la côté Atlantique sauvage
depuis le nord à travers une jolie forêt de pins maritimes. En cette fin d’après-midi
il est temps de trouver le spot parfait avec si possible vue sur l’océan. Flo a
repéré un endroit possible. Nous quittons donc la route pour s'enfoncer dans
les bois sur un chemin sablonneux vers l'Ouest. Moins d’un kilomètre
pour déboucher sur la dune où sont déjà stationnés pêle-mêle quelques vans.
En surplomb depuis la dune
la vue est à couper le souffle. L’océan s’étale sur 180° le long d’une plage
rectiligne à perte de vue, panorama noyé dans une brume de mer apportant au
paysage une note à la fois poétique et mystérieuse. Aucune autre construction
humaine que quelques éoliennes dominant la forêt ne sont visibles. La nature à
l’état brut où s’est invitée une dimension technologique qui ne gâche rien.
Un chemin chaotique descend jusqu’à
mi-hauteur de la plage quelques 50 mètres en contrebas. J’y descends prudemment
en mode 4x4 sans y trouver surface assez plate pour un bivouac confortable.
Nous remontons sur la dune pour stationner, entre des bosquets de plantes
grasses, sur le sable doux où Gemini fait des merveilles. Puis avant que le
soleil ne tombe sur l’Atlantique, nous descendons sur la plage immense jouer avec
le vent en faisant virevolter le cerf-volant vert. Toujours magique de piloter
une machine volante même depuis le sol.
Nazaré n’est plus très loin. Il faut l’aborder
à pied par la Praia do Norte. Nous laissons donc le van sur un terrain vague non
loin de la plage, pour se diriger à pied vers le phare rouge emblématique d’où
sont filmés les folles glisses des meilleurs surfeurs du monde.
Les pieds dans l’eau froide nous
marchons vers l’eldorado encore perdu dans la brume. Rien d’extraordinaire apparemment
en cette saison, même si le drapeau rouge est hissé. Mais tout de même de jolis
rouleaux dont on aperçoit au large l’onde en formation. Car c’est en octobre
que la conjonction des phénomènes naturels créer des vagues de plus de 20
mètres. Vous avez bien lu, vingt mètres ! En fait rien de moins que la
plus haute vague du monde que certains n’hésitent pas défier. J’ai tout de même
du mal à croire qu’ils n’hésitent pas devant un telle force de la nature. Les
films montrant leurs exploits sont hallucinants par la démesure qu’ils mettent
en scène : une muraille d’eau en mouvement de laquelle de minuscules
petits personnage en équilibre sur des planches semble chuter, laissant derrière eux un éphémère virgule d’écume
avant que la vague ne s’effondre dans un fracas de fin du monde. Juste irréel !
Au pied du phare, un fortin transformé
en musée où sont exposées les surfs des anges de la glisse assortis d’une
courte biographie de chacun d’eux sous un portrait choisi. Hall of fame d’une très
petite communauté dont beaucoup aimerait se revendiquer. Il n’y a qu’à voir
tous les « van lifer’s » venus ici presque en pèlerinage tenter de ressentir
les bonnes ondes de leurs idoles. Et aussi quelques gourous, Jésus de Nazaré un
peu illuminés prêchant les évangiles selon Sebastian Steuder, recordman de la
vague avec plus de 26 mètres.
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