dimanche 25 septembre 2022

Stoppés par Le Grand Erg

 
L’étape du jour devait nous emmener de Douz vers Ksar Guilane, 120 kms par le Grand Erg Oriental, immense champ de dunes qui s’étale depuis la Mauritanie, Le Niger et l’Algérie, pour venir mourir en Tunisie. Regardez une carte Michelin de l’Afrique et vous découvrirez l’immensité de cet océan de sable...
Autant tuer le suspense tout de suite, nous avons dû renoncer à 25 km du but, incapables de trouver une passe praticable. A décharge il faut dire que nous ne sommes pas encore en saison touristique – aucune moto ni 4x4 encore croisés durant ce périple – et donc aucune trace fraîche dans une océan de sable.
La journée avait pourtant très bien démarré malgré la nuit médiocre à Douz, dans un hôtel miteux « comme on les aime ». Sauf que celui-ci nous ne l’avons pas aimé. Très bruyant, et cette épouvantable odeur d’égout qui remontait dans la chambre. Heureusement, hommes et machines étaient au top après la séance de mécanique de la veille et un passage chez le barbier – coiffeur - masseur.
 
Pénétrer dans un massif dunaire est la certitude de vivre une expérience unique, mélange d’émotions esthétiques, d’audace, de communion avec la nature et, pur ce qui nous concerne, de sport.
Partir tôt permet de profiter de la belle lumière et de la relative fraîcheur du matin.
Pour cette navigation nous disposons d’un logiciel sur smartphone proposant la trace d’un précédent passage de motard. En théorie il n’a qu’à suivre. Sauf que ladite trace date de 4 ans et que depuis le paysage a totalement changé. Alors il faut pouvoir interpréter et oser ouvrir sa propre piste en improvisant dans cet environnement mouvant. Car dans les ergs, les passes sont éphémères, rapidement recouvertes par le déplacement des dunes.
Nous progressons rapidement, surfant avec nos motos taillées pour cela comme des snowboardeurs sur une pente enneigée. Le truc est d’y aller avec suffisamment de vitesse, puis de gérer la glisse en jouant sur la poignée de gaz. Grisant, jusqu’au km 95 où nous tombons sur un imposant et vaste cordon perpendiculaire à notre progression. Or les dunes sont comme les vagues. D’un côté une douce ondulation, de l’autre, sous le vent, la pente raide où dégouline le sable. Si le premier est ferme et prévisible, le second est mou et instable. Du coup il devient particulièrement difficile et risqué de tenter de la franchir perpendiculairement. Sauf à tenter des figures de free style dont nous avons passé l’âge (et promesses faites à nos femmes)...
Alors on jardine en essayant de trouver le passage, navigant d’une dune à l’autre pour échouer dans d’infranchissables cul de sacs. En plein soleil à 35°, ça finit par fatiguer. On a bien essayé aussi de contourner, mais lorsqu’il s’agit d’un océan ça peut être long en l’absence totale de traces.
 
L’heure avance et nous sommes loin de tout. Nos réserves d’eau de la journée sont épuisées, nous fatigués, et si nous ne voulons pas passer la nuit dehors il faut rapidement prendre une décision.
La mort dans l’âme, et sans doute pour la première fois de nos périples en tous genres, nous décidons de faire demi-tour, tout en se disant que cela va être chaud coté carburant compte tenu des litres d’essence brûlés à jardiner. Et ça continue, car il faut maintenant retrouver « la route » du retour dans ce magnifique capharnaüm.
 
Alors que nous venons de rejoindre la piste, comme attendu la moto de Didier tombe en panne d’essence du fait d’un incompréhensible problème de transfert des réservoirs arrière vers l’avant. On fait avec les moyens du bord à l’aide d’une bouteille pastique.
 
18h, au coucher du soleil nous apercevons la cabane de désert où nous nous étions arrêté le matin prendre un thé. Tout sourire le gars nous accueille.
-       -     On peut manger ?
-       -     Oui M’sieur.
-       -      On pourrait dormir ici ?
-       - Y’a pas d’problème M’sieur.
-       - Vous auriez de l’essence ???
-       - A non M’sieur, j’ai pas.
 
Demain sera un autre jour. Inutile de forcer le destin. Nous restons là pour la nuit.
 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Courage les garçons vous en avez vu d’autres
En creusant le sable il y a le pétrole pas loin
Ou alors un petit billet glissé dans la poche d’un conducteur de chameau et l’essence coule à flot
Amitiés
Alain

Anonyme a dit…

Bonjour et bon courage Mrs.. A la lecture de votre journée, vous avez rien à regretter. Je reste persuadé que vous aller gérer comme il faut. 🤞