Les nuits dans le Désert sont à nulles
autres pareilles. Celle-ci ne fit pas exception. Sous un ciel d’encre piqueté d’étoiles,
et dans un silence absolu, juste se laisser aller à un vertige stellaire, aspiré
par l’immensité de l’univers, avec comme seul bruit de fond, ses propres
battements de cœur et sa respiration. De là à partir en lévitation... Selon
Facebook, Certaines personnes perchées l’auraient expérimenté. Pour ce qui nous
concerne, profitant pleinement de l’apesanteur en position allongée, avons juste
passé une nuit exceptionnelle au terme d’une journée qui ne l’était pas moins.
Parfaitement reposés, nous roulons 62
kms pour finir en panne sèche pile au premier point de ravitaillement. Jour de
chance. Cette fois-ci de l’essence Libyenne en bouteille d’eau, de première
qualité selon le vendeur, clope au bec dans les vapeurs d’hydrocarbures de son
échoppe.
Des pistes sablonneuses d’hier nous
visons aujourd’hui celle longeant vers l’Est et par le Sud le Jebel Tegaga depuis
Kebili. Grand moment de moto façon spéciale de Rallye. Ca roule (très) vite
tout en jouant sur les appuis de la machine. Un pied total dans un
environnement grandiose aux perspectives d’une rare profondeur. Sous un ciel
indigo, sur notre gauche à une dizaine de kilomètres, la ligne de crête du
massif rocheux. Sur notre droite s’étale une immense vallée caillouteuse
au-dessus de laquelle vibre l’air surchauffée de la fin de matinée. Devant
nous, bien tracée, le ruban clair de la piste comme la promesse d’un eldorado.
Rouler dans de telles conditions est l’essence même du voyage d’aventure. De
grands espaces vierges où l’on se sent seul au monde, et la promesse de « découvertes »
exceptionnelles au bout du chemin.
Nous croisons quelques troupeaux de
dromadaires, puis de rares campements nomades profitant des pâturages. J’ai
toujours été émerveillé par la faculté d’adaptation des humains et des animaux
dans ces terres inhospitalières, particulièrement par la relativité de la
notion d’abondance quand il est question de pâturages. Ceux-là mêmes que nous
imaginons verts et denses sont ici pour nous invisibles qui ne voyons qu’un immense
champ de pierres. Mais à y regarder de plus près, de modestes touffes d’herbes
sèchent parviennent à s'y développer, suffisantes pour
satisfaire l’appétit de petits troupeaux caprins.
L’eldorado espéré nous conduit jusqu’à El
Hamma. Et comme dans toutes les entrées de villes ici, ce sont des tonnes d’immondices
plastiques s’étalant sur des kilomètres, qui nous accueillent. Situation qui n’a
fait que s’aggraver depuis des années. Dans ces pays en développement, le monde
moderne fait des ravages... Le chantier de nettoyage est immense tout comme le
changement de comportement à opérer. Ce qui est possible dans nos sociétés d’abondance
mais qui passe en second quand il est juste question de survivre.
Assis à déguster une excellente grillade
de mouton, nous refaisons le monde sur ces considérations environnementales en
regardant passer les gens et les véhicules déglingués.
- - Crois-tu
qu’ils soient prêts à envisager de passer rapidement à l’électrique ?
- - Tu
parles de quoi ? Des rasoirs ?
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