Seuls les voyageurs osant traverser les déserts peuvent en apercevoir les vrais mystères. Ceux-là mêmes qui, colportés par les chanceux qui se les sont entendus raconter de source sûre – comme vous après la lecture de cette chronique – deviennent d’extraordinaires légendes dont la fascination attire ou rebute selon que l’on soit du genre qui tente la traversée de ces immensités désertiques, ou bien qui préfèrent les contourner.
Car en effet, il y a toujours le choix.
Rester sur le bitume et regarder dans la direction de l’inconnue en se
demandant ce qui s’y passe, ou prendre les pistes qui s’y enfoncent.
Vous l’avez compris, nous sommes de la
seconde catégorie et allons vous raconter cette aventure immersive.
Celle des très grands espaces aux perspectives vertigineuses, de natures "hostiles"
et préservées, où se passent parfois d’étranges phénomènes...
Le Chott El Jerid va une nouvelle
fois nous émerveiller.
Tous pleins faits nous quittons la route
menant vers la frontière Algérienne pour piquer plein sud à travers le grand
lac asséché. Plus exactement une navigation cap au Sud, puis Sud-Sud-Est, puis
plein Est sur 120 kms environs sans croiser âme qui vive.
Les premiers tours de roue donnent le
frisson, cette impression de pénétrer dans une terre inconnue avec le secret
espoir que tout se passera bien, pleinement conscients que cela ne se fait pas
à la légère.
Il fait déjà chaud en ce milieu de
matinée, sensation renforcée par l’aridité du paysage. Nous laissons derrière
nous une oasis enchanteresse pour pénétrer dans un milieu magnifiquement inhospitalier. Brut, minéral, sauvage, où l’eau, la terre et le feu jouent de magistraux
extrêmes.
Par moment, où que le regard porte, le
fond du lac asséché est d’une parfaite platitude brune pailletée de cristaux
salés. D’un bleu parfait, le ciel sans nuage diffuse sans filtre la lumière crue
de l’astre du jour. Au fil des heures la température augmente et se développe alors
de spectaculaires mirages où l’on voit se dessiner de vastes lacs autour desquels
semblent s’épanouir de beaux arbres. Puis tout cela s’évanouit avant que nous
en ayons pu s’en approcher.
Ne pas se laisser distraire, rester
concentrés sur le pilotage de nos machines tout en profitant des paysages...
Plus loin, quelques passages de hamada
piquetés d’herbe à chameau à l’origine des illusions d’optiques.
Puis, poussées sur la piste par les vents de
sable, des dunettes éparses que nous franchissons avec délectation.
Et de nouveau le fond du Chott au-dessus
duquel commencent à bourgeonner quelques petits nuages.
Soudain apparaît au loin comme une
colonne de fumée semblant converger vers notre direction. Nous stoppons les machines
pour observer le phénomène : une impressionnante sorcière de désert, tornade aspirant sa trombe de sable, se déplace tel un Djinn connectant
terre et ciel dans une improbable danse. Serait-elle à notre intention ? Nous
la suivons des yeux jusqu’à perte de vue avant de redémarrer.
Encore sous le charme, presque au km
près nous retrouvons la route de l’autre côté du Chott. Fin de cette parenthèse
qui a tenu toutes ses promesses. Direction Douz.
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