Sous un ciel étonnamment menaçant nous
reprenons la direction du grand sud vers la frontière Algérienne. Le paysage n’est
plus que minéral dans des nuances de brun et d’ocre donnant aux nuages bas une
étrange couleur orangée. On sent qu’il va se passer quelque chose... La pluie se
met à tomber doucement, puis plus franchement au moment où nous rejoignons un
village, juste le bon moment pour une pause-café parmi tous les jeunes hommes désœuvrés.
Le ciel se dégage rapidement. La piste
fraîchement revêtue permet de franchir rapidement le col au sommet duquel s’étale
la plaine immense des grands chotts tunisiens – El Gharsa puis El Jerid – lacs asséchés
recouverts d’une fine couche de sel vers lesquels nous entamons la descente. Perspective
de commencement du monde quand, de part en part des oasis verdoyantes
apparaissent telles les terres promises du voyageur au long cours.
« Voir Tozeur et revivre ! »
indique une mosaïque en hommage à Saint Exupéry à l’entrée de la localité. Pour
les caravanes transsahariennes, nul doute que cela prenait aussi tout son sens
au terme de leur longue méharée depuis la Lybie, le Niger ou l’immense Algérie.
Pour nous le plaisir indicible d’être simplement ici, aux portes du plus grand
désert du monde.
Il est encore tôt et nous poursuivons
vers Nefta avant de remonter plus au nord sur les rives du Chott El Gharsa où
fut tourné l’un des épisodes de La Guerre de Etoiles. George Lucas ne s’y était
pas trompé : paysages à couper le souffle dans lesquels nous naviguons au
cap entre dunes et spectaculaires formations rocheuses érodées par le vent. Comme
en apesanteur, debout sur les cales pieds de nos machines, c’est à se demander
si nous roulons, volons ou surfons dans le paysage.
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