samedi 1 août 2015

On n'est pas des pigeons !



Je vous avais laissé avant-hier, en pleine nuit, dans l’attente de l’assistance, suite à la perte du roulement de roue avant gauche. Désagréable quand cela arrive au milieu de nulle part, mais sans doute une chance lorsque ça se passe à 30 km/h sur une piste, plutôt qu’à 100 sur une nationale avec un véhicule de plus de 3,5 tonnes avec un fort ballant.
Minuit, sur la base des indications fournies par internet malgré le faible réseau, l’assistance arrive donc avec un véhicule de rechange, un camion de dépannage, et un pick-up pour reprendre la cellule de vie de celui tombé en panne. Bref, la grosse armada. Rien à dire, service remarquable. Nous repartons donc pour bivouaquer un peu plus loin avec un gros Ford en remplacement du Dodge défectueux.
Réveil sous un fort vent. Alors que nous retrouvons l’asphalte, coup de téléphone de la société de location, et au bout du fil un gars furieux qui m’agresse en français pour cause de destruction de véhicule et conduite inadaptée, je vous en passe et des meilleures. Puis menaces sur la carte bleue. Bref, c’est ma faute et je vais devoir tout payer. Je tombe des nus et fais rapidement le calcul. Certainement pour pas moins de 5000 € ! De quoi gâcher la journée… Dans la voiture l’ambiance est un peu retombée.
Devant rendre le véhicule le lendemain, nous avons le temps d’imaginer le plan pour éviter « l’arnaque ».
Pas d’autre choix que de sortir la grosse artillerie : je contacte un ami avocat dans un grand cabinet international pour tenter le coup de l’intimidation inversée en expliquant poliment, mais fermement, qu’un tel acte ne resterait pas sans conséquence pour leur compagnie. J’imagine aussi jouer avec le levier de la réputation via mes petites chroniques que vous êtes quelques milliers à suivre.
Vendredi 10H15 : nous nous présentons à l’agence de location pour le retour du véhicule, propre et tout plein fait comme le stipule le contrat.
Je demande aussitôt à voir le responsable. Un solide gaillard arrive, entourée de deux jeunes femmes. Il se présente comme le boss, posant violemment avec ses grosses mains pleine de cambouis le roulement de roue cassé sur le comptoir, en exigeant que je paye une amende pour conduite off-road interdite (3500 €), plus la réparation (3800 €), tout cela sous un flot d’insultes. Même pas peur ! Le ton monte et deux jeunes femmes jouent les veuves effarouchées.
Ni une, ni deux. J’appelle l’avocat, le lui passe illico, tandis que j’explique aux filles les effets potentiellement désastreux sur la réputation de l’entreprise.
Derrière moi Flo discute avec un couple d’Allemands visiblement aussi sous le coup d’une grosse insatisfaction. Sacrée ambiance dans le bureau.         
Je demande à voir le vrai patron, pas le Viking sorti tout droit de l’atelier pour impressionner et qui a étrangement disparu avec le coup de fil de l’avocat. On est en plein « soap opera ».
Dix minutes passent, puis le français que je croyais être le patron qui nous avait si efficacement dépannés pour ensuite m’agresser téléphoniquement apparaît enfin. Il engage la conversation sur un ton très différent, proposant de sortir pour discuter. Je refuse. On s’explique devant le comptoir. Je lui redis que cela aurait pu bien plus mal finir si je n’avais pas senti le coup venir : accident grave et/ou destruction du véhicule. Et que si quelqu’un devait se plaindre ce sera plutôt moi pour mise en danger avec un matériel usé.
Il m’écoute et fini par s’excuser en expliquant être fatigué des casseurs de matériel. Etant l’antithèse absolue, je comprends parfaitement de ce dont il s’agit. On s'est compris, signons la fin du contrat, nous serrons la main en décidant de rester sur la remarquable prestation de dépannage. L’incident est clos.
Comme prévu, changement de monture pour la suite du voyage, beaucoup plus sexy. Je parle évidement du véhicule.


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