Je vous avais laissé avant-hier, en
pleine nuit, dans l’attente de l’assistance, suite à la perte du roulement de
roue avant gauche. Désagréable quand cela arrive au milieu de nulle part, mais
sans doute une chance lorsque ça se passe à 30 km/h sur une piste, plutôt qu’à
100 sur une nationale avec un véhicule de plus de 3,5 tonnes avec un fort ballant.
Minuit, sur la base des indications
fournies par internet malgré le faible réseau, l’assistance arrive donc avec un
véhicule de rechange, un camion de dépannage, et un pick-up pour reprendre la
cellule de vie de celui tombé en panne. Bref, la grosse armada. Rien à dire,
service remarquable. Nous repartons donc pour bivouaquer un peu plus loin avec
un gros Ford en remplacement du Dodge défectueux.
Réveil sous un fort vent. Alors que
nous retrouvons l’asphalte, coup de téléphone de la société de location, et au
bout du fil un gars furieux qui m’agresse en français pour cause de destruction
de véhicule et conduite inadaptée, je vous en passe et des meilleures. Puis menaces
sur la carte bleue. Bref, c’est ma faute et je vais devoir tout payer. Je tombe
des nus et fais rapidement le calcul. Certainement pour pas moins de 5000
€ ! De quoi gâcher la journée… Dans la voiture l’ambiance est un peu
retombée.
Devant rendre le véhicule le lendemain,
nous avons le temps d’imaginer le plan pour éviter « l’arnaque ».
Pas d’autre choix que de sortir la
grosse artillerie : je contacte un ami avocat dans un grand cabinet
international pour tenter le coup de l’intimidation inversée en expliquant
poliment, mais fermement, qu’un tel acte ne resterait pas sans conséquence pour
leur compagnie. J’imagine aussi jouer avec le levier de la réputation via mes
petites chroniques que vous êtes quelques milliers à suivre.
Vendredi 10H15 : nous nous
présentons à l’agence de location pour le retour du véhicule, propre et tout
plein fait comme le stipule le contrat.
Je demande aussitôt à voir le
responsable. Un solide gaillard arrive, entourée de deux jeunes femmes. Il se
présente comme le boss, posant violemment avec ses grosses mains pleine de
cambouis le roulement de roue cassé sur le comptoir, en exigeant que je paye
une amende pour conduite off-road interdite (3500 €), plus la réparation (3800
€), tout cela sous un flot d’insultes. Même pas peur ! Le ton monte et deux
jeunes femmes jouent les veuves effarouchées.
Ni une, ni deux. J’appelle l’avocat, le
lui passe illico, tandis que j’explique aux filles les effets potentiellement désastreux
sur la réputation de l’entreprise.
Derrière moi Flo discute avec un couple
d’Allemands visiblement aussi sous le coup d’une grosse insatisfaction. Sacrée
ambiance dans le bureau.
Je demande à voir le vrai patron, pas
le Viking sorti tout droit de l’atelier pour impressionner et qui a étrangement
disparu avec le coup de fil de l’avocat. On est en plein « soap
opera ».
Dix minutes passent, puis le français
que je croyais être le patron qui nous avait si efficacement dépannés pour
ensuite m’agresser téléphoniquement apparaît enfin. Il engage la conversation
sur un ton très différent, proposant de sortir pour discuter. Je refuse. On s’explique
devant le comptoir. Je lui redis que cela aurait pu bien plus mal finir si je
n’avais pas senti le coup venir : accident grave et/ou destruction du
véhicule. Et que si quelqu’un devait se plaindre ce sera plutôt moi pour mise
en danger avec un matériel usé.
Il m’écoute et fini par s’excuser en
expliquant être fatigué des casseurs de matériel. Etant l’antithèse absolue,
je comprends parfaitement de ce dont il s’agit. On s'est compris, signons la fin du contrat,
nous serrons la main en décidant de rester sur la remarquable prestation de
dépannage. L’incident est clos.
…
Comme prévu, changement de monture pour
la suite du voyage, beaucoup plus sexy. Je parle évidement du véhicule.
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