Devant nous une
spectaculaire faille rocheuse s’étire sur des kilomètres, séparant les plaques Eurasienne
et Nord-Américaine. L’eau y est si limpide qu’elle semble presqu’absente de cet
abysse clair aux reflets métalliques.
A l’est de la saignée, une
large plaine verdoyante sur laquelle s’écoulent paresseusement des dizaines de
ruisseaux.
A l’ouest, une étonnante double
ligne de falaises au creux desquelles s’écoulent une jolie cascade.
Au sud, scintillant sous
le soleil du milieu d’après-midi, le lac Pingvallvatn s’étale à perte de vue.
Le lieu est enchanteur,
presque magique, et ce n’est pas par hasard qu’ici, ont choisi de s’établir les Vikings
dissidents de la couronne de Norvège, créant le premier parlement démocratique
Européen, il y déjà plus de 1000, pour fonder ce qui deviendra l’Islande, leur
centre du monde. Tant et si bien qu’aujourd’hui, convergent à Pingvellir des
milliers de visiteurs, comme pour un pèlerinage initiatique où les Islandais
viennent découvrir leurs racines, un peu comme si nous, les Français, allions
faire cela en forêt de Brocéliande…
Et si le centre du monde
Islandais est ici, le nombril n’en est pas loin.
Quelques kilomètres vers
l’Est, Geysir. Le nom ne vous évoque rien ? Geysir, geyser, l’origine du
mot des célèbres jaillissements, véritable image d’Epinal du pays. Aujourd’hui le phénomène est parfaitement expliqué, mais quel pouvait être l’effet
produit sur les lointains ancêtres hirsutes à longues barbes ? De nos
jours encore, ces irruptions de vapeur d’eau fascinent toujours autant les
visiteurs du monde entier, installés en rond, comme pour un rite tribal, autour
de ces points chauds, en guettant le moindre glouglou annonciateur d’une douche
au parfum d’œufs pourris. Que ne ferait-on pas pour capter l’instant en
selfie et l’envoyer illico aux amis restés à la maison ? Histoire de dire
j’y étais. Heureusement, eux n’auront pas l’odeur.
Et l’on poursuit vers le
sud et les somptueuses chutes de Gulfoss, Victoria ou Niagara Falls locales, écroulement
dans un vacarme assourdissant de millions de mètres cubes d’une eau bleutée, à l’origine d’une brume diaphanes diffractés en arc en ciel au-dessus
de la formidable cataracte.
Décidément ce pays
réserve bien des émerveillements.
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