dimanche 12 juillet 2015

Les 24h du Mans



Prochaine sortie "Le Mans Sud" indique le panneau au bord de l'autoroute. Puis un autre "circuit des 24h". C'est drôle comme alors mon cœur se met à battre plus fort. Nous passons le péage et suivons la direction d'Arnage, lieux dit devenu un des virages emblématique du célèbre circuit. Au rond-point déboulent une Porsche 911 verte suivie d'une Lamborghini Diablo jaune et d'une Ferrari F355 rouge affublées de larges stickers "Le Mans driving experience". Au rétrogradage le bruit roque des échappements distillent des gorgorythmes plein de promesses. Un petit tour de manège pour le fun, puis elles s'engagent sur une départementale, filant dans une irrésistible symphonie mécanique à faire se dresser les poils des plus frigides.

La zone du circuit est encombrée de milliers de voitures dont une proportion importantes de sportives venues de l'Europe entière. Et si tant est que l’Angleterre soit bien en Europe :), le pays est représenté de la meilleure manière qui soit par des autos classiques rutilantes, malgré les centaines de kilomètres parcourus pour venir jusqu'ici. Car venir au Mans n’est, pour ces passionnés, rien moins qu’un pèlerinage où il ne peut être question de médiocrité.

On accède à la zone du circuit par un modeste guichet devant l'entrée du musée automobile. Et déjà l'ambiance de la course vous excite comme un préliminaire, vrombissement des bolides au freinage de la chicane Ford juste avant le spectaculaire virage Dunlop.
Pénétrer dans l'enceinte a quelque chose de mystique, comme entrer dans un temple entièrement dédiée à l'automobile. Au premier abord le plus étonnant est le public : de tous âges et toutes origines.
On vient ici de partout, en famille, avec enfants et même poussettes, s'adonner au plaisir étrange de regarder passer des voitures de course. Mais s'agit-il bien uniquement de cela ? Trop simple et finalement d'un intérêt somme toute limité. Ne nous mentons pas. Pour nous les "mâles" il a quelque chose du fantasme absolu que d’imaginer dominer une machine de plus de 800 cv, entrer dans une autre dimension où se mêlent puissance et sensations à nulles autres pareilles : piloter une auto de course, comme dompter une bête sauvage.
Les femmes ne sont pas en reste non plus ; et d'ailleurs pourquoi échapperaient elles aussi au stéréotype de leur fantasme du pilote, chevalier des temps modernes exhalant tous les attributs de la virilité, trompe la mort magnifiés dans leur combinaison ignifugée et heaume multicolore ne laissant apparaitre que le regard comme miroir d'une âme héroïque.
Tous ces couples marchant le long du circuit en se tenant la main seraient hypnotisés par les vrombissements incessants des bolides frôlant les glissières de sécurité à seulement quelques mètres, rêvant peut-être, mais sans se le dire :
Et si c'était moi ?
Et si c'était lui ?
Quant aux enfants, ils subissent cette épreuve initiatique sur un tout autre registre, celui de la grande fête foraine où, perdus dans leurs rêves, les parents cèdent sans même réfléchir aux marchands du temple vendant gadgets et confiseries hors de prix.

Et les voitures passent et repassent à des allures supersoniques.
Les LMP1 (catégorie reine où s'affrontent les grands constructeurs) survolent la course presque sans bruit avec leur propulsion hybride, petits moteurs thermiques turbocompressés, bodybuildés à l'électrique pour développer près de 1000 CV ! Plus que les accélérations d'une formidable fluidité, les freinages ont quelque chose d'irréel par leur brutalité.
Mais j'avoue avoir un faible pour les GT, « vraies voitures » dérivées de super sportives du commerce pour gentlemen drivers fortunés. En fait celles là même sur lesquelles je développe mon propre fantasme...

La nuit tombe et le public reste aussi nombreux autour du circuit.
Au vacarme s'ajoute les faisceaux lumineux des phares à xénon ou à la led comme les rayons lasers émis par des engins d'un autre monde. Les voitures ne sont plus alors que particules de lumière et de feu : éblouissement des phares blancs ou jaunes, fluorescence des numéros de courses, incandescence des disques aux freinages, feu d'artifice des échappements au rétrogradage.

Minuit. A la sortie des stands un grand totem façon arbre de Noël indique en direct le classement des voitures. Porsche et Audi trustent les positions de tête.
Encore 15 heures de course.
Et les Allemands qui gagnent toujours à la fin.


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