Nous laissons notre véhicule pour partir randonner dans les massifs surplombant le glacier Skaftafellsjökull. Comme d’habitude imprononçable.
Le sentier démarre doucement sur un
massif rocheux bordant la face ouest de l’énorme masse glacière. Nous ne le
voyons pas encore mais ressentons sa présence par des bouffées d’air froid
remontant du relief. Les qu elques arbustes du départ laissent place à des
champs de mousses et bruyères au milieu desquels, profitant des rayons du
soleil de l’été boréal, éclosent de jolies fleurs jaunes et fuchsias. La
ballade est agréable,facile, « oxygénante », dans un décor aux
couleurs crues sous un ciel moutonneux et cristallin.
Au loin, barrant l’horizon derrière les
premières lignes de relief, on aperçoit les hauts plateaux volcaniques aux
sommets arrondis blancs immaculés.
Puis au détour d’une ligne de crête, le
regard est aspiré par une spectaculaire perspective en contre-bas : descendant
du plateau volcanique, une longue langue glacée, striée de nuances de gris comme
une peau de serpent, s’écoule pour venir mourir tel un sorbet géant fondu au
pied des reliefs, avant de s’étaler en mille et un ruisseaux évanescents dans
un vaste delta vers la mer distante de seulement quelques kilomètres.
Tout est calme, harmonieux, paisible,
reposant, tableau parfait de ce que notre planète peut nous offrir de plus brut
et de plus beau à la fois.
Mais ce paysage apparemment immuable
cache une redoutable réalité dont seule la nature a le secret : la terre, l’eau,
le feu, quand régulièrement ici les éléments se déchainent dans un festival de
superlatifs. Réveil du volcan crachant dans l’atmosphère ses cendres noires à
des centaines de kilomètres à la ronde, plongeant la région dans une nuit noire
électrisée de violents orages, déversant des fleuves de lave incandescente qui,
en vaporisant la glace, provoquent des crues gigantesques capables de
bouleverser le paysage en seulement quelques heures.
Et l’homme, qui n’a plus alors qu’a fuir
les éléments déchaînés, jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre se crée, et qu’il
puisse modestement revenir apprécier le nouveau tableau qui lui est offert.
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