mardi 28 juillet 2015

La terre, l'eau, le feu


Nous laissons notre véhicule pour partir randonner dans les massifs surplombant le glacier Skaftafellsjökull. Comme d’habitude imprononçable.
Le sentier démarre doucement sur un massif rocheux bordant la face ouest de l’énorme masse glacière. Nous ne le voyons pas encore mais ressentons sa présence par des bouffées d’air froid remontant du relief. Les qu elques arbustes du départ laissent place à des champs de mousses et bruyères au milieu desquels, profitant des rayons du soleil de l’été boréal, éclosent de jolies fleurs jaunes et fuchsias. La ballade est agréable,facile, « oxygénante », dans un décor aux couleurs crues sous un ciel moutonneux et cristallin.
Au loin, barrant l’horizon derrière les premières lignes de relief, on aperçoit les hauts plateaux volcaniques aux sommets arrondis blancs immaculés.
Puis au détour d’une ligne de crête, le regard est aspiré par une spectaculaire perspective en contre-bas : descendant du plateau volcanique, une longue langue glacée, striée de nuances de gris comme une peau de serpent, s’écoule pour venir mourir tel un sorbet géant fondu au pied des reliefs, avant de s’étaler en mille et un ruisseaux évanescents dans un vaste delta vers la mer distante de seulement quelques kilomètres.
Tout est calme, harmonieux, paisible, reposant, tableau parfait de ce que notre planète peut nous offrir de plus brut et de plus beau à la fois.
Mais ce paysage apparemment immuable cache une redoutable réalité dont seule la nature a le secret : la terre, l’eau, le feu, quand régulièrement ici les éléments se déchainent dans un festival de superlatifs. Réveil du volcan crachant dans l’atmosphère ses cendres noires à des centaines de kilomètres à la ronde, plongeant la région dans une nuit noire électrisée de violents orages, déversant des fleuves de lave incandescente qui, en vaporisant la glace, provoquent des crues gigantesques capables de bouleverser le paysage en seulement quelques heures.
Et l’homme, qui n’a plus alors qu’a fuir les éléments déchaînés, jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre se crée, et qu’il puisse modestement revenir apprécier le nouveau tableau qui lui est offert.


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