Eyjafjallajökull ! Imprononçable, et pourtant nous savons tous de quoi il s’agit : rappelez-vous le nom du fameux volcan qui mit le monde en émoi au printemps 2010, perturbant comme ça n’était encore jamais arrivé le trafic aérien vers l’Europe.
Nous étions alors à New-York, et il
fallut imaginer des stratagèmes pour ne pas rester échoués plusieurs jours à
JFK comme des milliers d’autres passagers en errances. A vrai dire un moment
inoubliable pour tous ces voyageurs de part de monde, obligés d’attendre que le
formidable nuage de cendres projeté dans l’atmosphère par l’irruption ne se dissipe pour rentrer à la maison.
Depuis, le monstre est redevenu
paisible sous sa calotte blanche immaculée, noyée dans les brumes d’altitude où
neige et nuages se confondent dans des reflets aux mille nuances de blanc.
Nous empruntons la piste 210 entre 3
massifs volcaniques dont celui du fameux volcan. D’abord roulante au milieu de
vertes prairies, elle devient cassante en prenant de l’altitude. Les prairies
laissent alors place à des champs de pierres volcaniques étonnamment recouvertes d’une
épaisse couche de mousses spongieuses, façon tapis de sport. Au loin, un nuage
de poussière semble avancer dans notre direction. Un autre 4x4 ? Non, trop
étendu. Ce sont en fait des dizaines de petits chevaux, dont quelques-uns
montés, filant au trot vers les pâturages un peu plus bas. Image saisissante
comme sortie d’une autre époque.
Notre progression se poursuit à petite
vitesse pour ne rien manquer du fantastique spectacle qui nous est offert.
Entourés de puissants massifs volcaniques, nous débouchons sur un vaste plateau
recouvert de cendres noires, dépourvu de toute végétation, d’où émerge des
formations rocheuses dont les plis retiennent des congères de neige salies par
la poussière de scories volcaniques. Le parallèle est saisissant avec les monts
du Hoggar Algériens, ou certains paysages du grand sud Marocain, à cette
différence que là-bas les congères sont de sable, et qu’ici le temps change en
quelques minutes sous un ciel en chambardement permanent où les volutes
nuageuses jouent à cache-cache avec les sommets environnant, ajoutant encore à
leur mystérieuse aura.
Nous progressons maintenant sur le
fragile permafrost au pied des glaciers aux reflets bleutés, apparemment
paisibles, mais dont la puissance incomparable ravage le paysage de vastes
saignées s’écoulant lentement en bousculant tout sur leur passage. Ici la
nature ne fait pas dans la nuance.
Puis le vaste plateau amorce une légère
descente où les eaux de fonte se rejoignent en mille et une cascades
étincelantes, puis ruisseaux, torrents bouillonnants chargés d’alluvions et rivières
apparemment paisibles qu’il faut traverser le plus souvent à gué. Toujours un
instant d’émotion quand il s’agit d’y avancer à l’aveugle en espérant ne pas y
rester piégé.
Et de nouveau le paysage s’adoucit, repassant
du minéral pur aux tapis de mousses délicates puis vastes prairies.
Nous rejoignons enfin la route après
cet intermède de 120 kilomètres sur une autre planète, la nôtre, ici encore
préservée de la forte pression de notre espèce.
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