Doté de notre nouvelle monture, un
excellent fourgon 4x4 Toyota aménagé en camping-car minimaliste, nous
poursuivons notre promenade par les chemins de traverse, laissant part à l’improvisation
pour la découverte de lieux fabuleux, en totale autonomie. Où bivouaquerons-nous
ce soir ? Finalement peu d’importance. Nous stopperons en pleine nature, quand
et où bon nous semble, sans plus de contrainte ; l’expression même de la liberté.
Nos premiers kilomètres longent la côte
ouest et ses fjords dont les eaux bleues limpides ponctuées de chapelets d’îles
abritent une riche faune sauvage. Au détour de vertigineuses falaises plongeant
dans l’océan, nous tombons sur une colonie de milliers de cygnes immaculés ayant
trouvés refuge dans ces eaux calmes et poissonneuses. En arrière-plan, un petit
bateau de pêche en train de pourrir doucement à quelques encablure d’un ilot
rocailleux.
Que décidons-nous ? Poursuivre le
long du sinueux trait de côte, au risque d’une certaine monotonie, ou revenir
dans les terres par les pistes, entre lacs, rivières, volcans et glaciers ?
Comment résister à l’appel de ces grands paysages encore vierges ?
Tous pleins faits, quelques courses
alimentaires, puis nous bifurquons vers le Sud par la piste 35, puis 731. La
lumière froide et crue de l’été boréal donne aux couleurs des contrastes métalliques,
impression renforcée par les verres polarisants des lunettes de soleil. Quelques
fermes s’accrochent encore aux prairies bordant les torrents descendant des hauts
plateaux où l’on pêche à la mouche, tandis que des lacs miroitants magnifient
les perspectives en renvoyant l’image inversée des paysages alentours, donnant
à l’espace une dimension inattendue.
Puis la piste s’élève doucement vers
les plateaux arides où la végétation ne parvient pas à prendre pied sur les
sols acides. On se croirait presque au Sahara dans le grand sud Marocain, monde
minéral comme sur une planète morte.
Nous bifurquons vers l’ouest en
direction de sources chaudes identifiable à des kilomètres par les vapeurs soufrées
qu’elles produisent, noyant le paysage dans une étrange atmosphère de
commencement du monde. Etrange impression que de se laisser glisser dans ces
vasques naturelles au milieu de fumeroles malodorantes.
Nous reprenons notre route vers le sud,
suivant le ruban clair serpentant dans la caillasse, aspirés par un horizon
extraordinaire dentelé des neiges éternelles recouvrant les dômes volcaniques
caressés par les volutes nuageuses de fin d’après-midi. A elle seule, cette
image vaut le voyage, enivrantes perspectives pour le voyageur en quête de
grands espaces.
Nous pourrions rouler comme cela des
heures, doucement, les yeux écarquillés devant tant de beauté, par pur plaisir
esthétique devant ces chefs d’œuvre de la nature, impatient de découvrir des
nouveaux tableaux derrière la prometteuse ligne d’horizon.
Mais nous décidons alors de stopper là,
histoire d’arrêter le temps pour une soirée au milieu de nulle part.
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