70 ans, un mètre
quatre-vingt-dix, les cheveux roux délavés, Harley a des yeux pétillants
illuminant un regard bienveillant. Avec son jeans usé un peu trop grand, son
ceinturon à boucle dorée, et ses bottes en cuir, il a l'air d'un cow-boy sympa
des westerns des années soixante, quand Garry Cooper défendait l'opprimé. A sa
main gauche une alliance et une chevalière en or montée d'une jolie pierre
bleue polie en forme de haricot, tandis que l'annulaire droit arbore une autre bague
carrée étincelante de 16 diamants de belle taille, comme les points du domino
magique de sa réussite.
En entrant
dans le bureau on se retrouve nez à nez avec un énorme ours empaillé debout sur
les pattes arrières dans une attitude menaçante ; grizzly tué en Alaska.
Puis, dans la salle de réunion des trophées de chasse du monde entier :
caribou, lynx, cerf royal et autres espèces de bouquetins des montagnes. Rien
d'Afrique et je m'en étonne.
- Jamais eu
envie d'y aller me répond-il de façon péremptoire.
J'hésite à
demander pourquoi avant de me raviser.
Nous
montons à bord de l'énorme pick-up de Harley pour une tour de ses installations
: quincaillerie (car il n'y en avant pas de convenable dans les environs), fermes
porcines et avicoles impeccablement tenues, unité de traitement des déchets et
production d’énergie, centre logistique, grandes cultures de maïs et soja...
Harley est intarissable quand il est question de son parcours professionnel.
Parti de rien, il a construit une très belle entreprise familiale clé de voute
de toute sa vie : « mon entreprise, celle où j'ai mis toute mon énergie
pour construire quelque chose de durable et mettre les miens à l’abri. »
La famille
justement : il est déjà arrière-grand-père et travaille avec ses fils et petits-fils,
s'affichant comme le patriarche bienveillant de quatre générations.
Nous
passons justement prendre un de ses fils pour aller diner. Fierté non dissimulée
lorsqu'il me le présente sur le pas de porte de sa maison cossue, à proximité
de l'église où ils retrouvent chaque dimanche leur communauté.
Le
restaurant de plage au bord du lac Michigan a des allures de plage
californienne où les kite-surfeurs s'en donnent à cœur joie dans la belle lumière
de fin d'après-midi.
Nous nous
installons pour diner dans une sorte de patio face au soleil couchant sur les
flots irisés. Instant parfait, le regard perdu vers l'horizon rougeoyant, un
verre de bière fraiche à la main (pour moi de l'eau pétillante sans glace).
J'écoute Harley
me conter leur histoire familiale, les yeux brillants d'émotion aux moments
cruciaux de leur success-storie américaine. Avec son fils, ils me parlent de la
famille, mais aussi de l'Amérique, leur Amérique, celle où tout est possible et
qui leur a permis, avec l'aide de Dieu, de construire leurs belles vies.
Et je ne
peux m'empêcher de constater encore un fois à quel point ce triptyque est ici
puissant : la famille, Dieu et l'Amérique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire