vendredi 12 mars 2010

Scenic Road

Ground speed 827 km/h indique l’écran du triple 7. Nous remontons le temps vers Amsterdam quelque part au dessus de la Russie. Fatigué par deux semaines intenses de voyage, je me laisse aller à une espèce de torpeur à 12000 m d’altitude.
L’avion est moitié vide. Une toute nouvelle ligne directe Chengdu – Amsterdam qui finira bien par se remplir ; nouvelle trajectoire oblique dessinée sur la mappe monde des vols intercontinentaux ; opportunité supplémentaire offerte aux citoyens du monde de le parcourir en tout sens.

Ma boite mel à jour, les yeux qui piquent devant l’écran d’ordinateur, je ferme un dossier en cours et essaie de me relaxer un peu en pensant aux miens que je vais bientôt retrouver. Un moment toujours aussi agréable les retrouvailles à la veille du week-end. Il y aura Flo, les enfants, la famille et les amis aussi.

Curieusement, en fermant les yeux, les images d’hier du retour en voiture vers Wuhan me reviennent intensément. Trois heures assis sur la banquette arrière, alternant discussions avec Shuchen, moments de silence et d’assoupissement, entrecoupés d’images furtives défilant derrière les vitres fumées :
- Traversées de villages à vive allure, slalomant au klaxon entre voitures, camions, motos, triporteurs et piétons, sur la rue principale poussiéreuse bordée de boutiques en tout genre encore décorées des lampions du nouvel an Chinois entrant dans l’année du tigre ;
- Plus loin, un temple bouddhiste sur les rives d’un lac sur fond de montagnes embrumées ;
- Là, quelques buffles boueux broutant au creux de rizières en terrasses asséchées après la dernière récolte ;
- Ici, des enfants jouant dans une prairie bordant un cimetière en friche ;
- Plus loin encore, des maisonnettes de paysans devant lesquelles sèchent au soleil, côte à côte sur des chassis de bois, nouilles de riz fraîchement pressées et linge multicolore ;
- Puis un train de marchandise que nous dépassons à 150 km/h sur l’autoroute en évitant les camions surchargés roulant à 60 sur la file de gauche…
- Enfin, arrivant sur Wuhan, la traversée du majestueux Yangzi Jiang, plus grand fleuve d’Asie sur lequel naviguent des bâteaux aux étraves typiques, comme des coques de noix sur un plaisible ruisseau.

Il faisait beau et, heureux, je me demandais en pensant que demain d’un coup d’ailes je serai de retour à la maison, ce qu’avaient bien pu ressentir les premiers voyageurs occidentaux découvrant cette lointaine Chine, au terme de voyages au long cours de parfois plusieurs années, voyages extraordinaires, voyages d’une vie.
Et de me dire, en tapant ma petite chronique sur ordinateur, confortablement installé dans une merveilleuse machine volant à 900 km/h, que l’un des progrès les plus spectaculaires réalisés depuis par l’homme était sans aucun doute la vitesse : compression de l’espace-temps dans les déplacements et la diffusion de l’information, rendant possible l’accès aux voyages qui veut s'en donner la peine.

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