lundi 10 mars 2014

"Voyage au centre de la terre"



Depuis Santa Cruz, 2 heures de hors bord sous les gerbes étincelantes pour rejoindre Isabella la plus grande île des Galapagos.
Nous dépassons un banc de dauphins avant de virer tribord pour entrer prudemment dans la petite baie truffée de récifs affleurants.
En tout et pour tout un peu plus de 2000 personnes vivent ici, dans un village aux rues en terre battue, sur les pentes du volcan Sierra Negra, encore actif, et dont la dernière grande éruption date de 2005.

...

De bonne heure nous partons à cheval vers le cratère principal culminant à un peu plus de 1000 m, agréable ballade à la fraiche dans une végétation luxuriante encore humide des pluies de la nuit. Tandis que le sommet approche, sur notre droite vers le sud-est, en contre jour la longue pente verdoyante vaporeuse descend jusqu'à l'océan.
Nous atteignons un faux plat et la vue se dégage à gauche sur la gueule du cratère, comme une gigantesque marmite d'une dizaine de km de diamètre (2ème plus grand cratère volcanique au monde après celui du Ngorongoro en Tanzanie).
Au fond la masse noire du magma refroidi entouré d'une spectaculaire et régulière ligne de crête, telle une citadelle naturelle protégeant l’environnement de la colère du monstre endormi.
Nous poursuivons notre progression sur la ligne de crête avant de laisser les cheveaux pour descendre à pied sur les coulées de lave le long de la pente nord-est, comme des fleuves en cru dont on aurait figé les flots, chaos géologique d’une incroyable puissance dévastatrice. De temps à autres des bouches béantes continuent d’exhaler des vapeurs tièdes, histoire de rappeler au visiteur (prudent) que le monstre ne fait que dormir.
Nous continuons notre descente dans un capharnaum d’une rare beauté brutale, de celle des grands glaciers.
Par endroit les coulées de lave ont formé de longs boyaux creux, comme si, telle une blessure, les entrailles de la terre étaient sorties du ventre dans un jaillissement sanglant emportant tout son passage.
Les fissures succèdent aux coulées entre les gouffres dans d’étonnantes nuances colorées presqu'agressives ; chimie de tous ces éléments en fusion, refroidis, oxydées, corrodés : nuances de rouge, bleu, gris, noir, jaune, vert, blanc dont certaines cristallisées brillent au soleil telles des pierres précieuses.
 
Quel fabuleux « voyage au centre de la terre » ! 
Et je ne résiste pas au plaisir de dresser un modeste kerne au milieu du chaos, curieux d'imaginer Charles Darwin lisant cet ouvrage du grand Jules Verne, de presque 20 ans sont cadet. 



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