mercredi 5 mars 2014

Sur les pas de Charles Darwin


Pourquoi, alors qu’il n’y a passé qu’un peu plus d’un mois, sur un tour du monde de près de 5 ans, les Galapagos ont-elles pris, pour le grand public, une place tellement importante dans la mythologie développée autour de théorie de l’évolution de Charles Darwin ?
Lorsqu’on approche du lieu de débarquement supposé de Darwin sur l’ile de San Cristobal – d’après ses descriptions précises – laissant à bâbord une courte plage de sable blanc entourée de gros rochers volcaniques noirs, on découvre une petite crique surplombée d'un joli promontoire rocheux où s’ébattent des lions de mer. Le lieu est à priori accueillant, même si la végétation n’a rien de luxuriante - arbustes à petites feuilles où gazouillent quelques oiseaux - tandis que dans le ciel moutonneux si caractéristique qui coiffe ces iles isolées en les signalant de loin aux navigateurs, d’élégantes frégates s’adonnent au vol à voile avec une rare dextérité.
En s’enfonçant dans les terres on gravit les pentes d’un ancien volcan sur lesquelles on rencontre en sous-bois les premières tortues géantes dont on dit que certaines, hors d’âge, peuvent vivre près de 180 ans ; comme un premier signe qu’ici la vie va doucement et clin d'oeil à l'histoire. Serait-il possible que Darwin ai croisé l'une de ces vénérables créatures alors dans le jeune âge ?
L'observation des tortues a quelque chose d'émouvant tant l'animal est singulier, donnant l'impression d'une incroyable douceur dans une carrosserie de char de combat. 200 kilos pour les plus grosses. En y regardant de près, la tête de l'animal dégage une réelle impression d'intelligence et de gentillesse, à tel point que Spielberg l'a reprise pour son personnage E.T. Autre étrangeté, le râle de la bête lorsqu'on la dérange, quelque chose du souffle de Dark Vador dans la Star Wars. De l'évolution des espèces...
Puis on découvre le cône sommital du volcan, forme parfaite, à l’intérieur duquel s’est formée presque miraculeusement la seule réserve d’eau douce de l’ile. Avec une étonnante virtuosité les frégates viennent y faire une spectaculaire toilette en vol rasant sur l'onde, s’éclaboussant copieusement sans jamais tomber à l’eau.
650 mètres plus bas, du sud-ouest au nord-est, le Pacifique turquoise irise les rayons du soleil équatorial.
On redescend vers le nord pour retrouver la bande côtière et découvrir une faune extraordinaire : lions de mer au regard tellement humain, crabes rouges vifs, étonnants fous de bassan à pattes bleues tels des clowns ayant trempés leurs chaussures dans un pot de peinture, et rencontres saisissantes avec les fameux iguanes comme sortis d’un livre vivant sur la préhistoire. Imaginer ces créatures à l'échelle supérieure donne la chair de poule et une réelle idée de ce que pouvaient être les monstres du jurassique.
De temps à autre la mer entre dans la bande de terre, dessinant de sublimes marinas vertes émeraude sur fond de sable blanc bordé de roches noires. Parfait contrastes de couleurs où des milliers de poissons multicolores trouvent un confortable refuge, tandis que s’ébattent joyeusement les lions de mer et leurs petits dans un ballet aquatique d’une incomparable fluidité.
L’après-midi de cette première journée s’étire rapidement. Nous sommes sur l’équateur. Exactement 12 heures après s’être levé, le soleil tombe verticalement sur l’océan laissant place en un quart d’heure à la nuit noire piqueté d’étoiles, découvrant les constellations de l’hémisphère austral.
...

C’est probablement ce qu’a du vivre aussi Charles Darwin lors de sa première journée dans les Galapagos. Après des semaines de mer dans des conditions pénibles, il découvre au premier abordage un lieu enchanteur un peu en hors du temps, sorte d’ile mystérieuse inhabitée lors de sa découverte par hasard exactement 300 ans plus tôt, et depuis seulement visitée par quelques aventuriers en quête d’eldorado. Nul doute que ces circonstances propices à la réflexion et à l'observation allaient alors nourrir sa pensée.

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