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notre cabotage, nous abordons l'île Bartolomé, volcan brusquement sorti des
flots il a quelques centaines de milliers d'années, un instant à l'échelle géologique.
Spectaculaires coulées de lave fossilisées venant mourir dans l'océan en un nuancier
de couleurs parfaites : mélange de silices pourpres, grises et noires sous un ciel bleu moutonneux. Pas la moindre plante,
seuls quelques petits lézards endémiques se sont adaptés sur cette terre encore
vierge aux allures de sanctuaire géologique.
On gravit
la pente assez raide par un chemin aménagé entre d’impressionnants cônes
volcaniques éteints à la bouche encore grande ouverte. En se retournant on découvre
une spectaculaire vue sur un lagon vert émeraude dans un cratère parfaitement
circulaire rasant la surface, pur chef d'œuvre de la nature. Au large un
navire "National Geographic" à jeté l’encre.
Darwin a
passé quelques jours ici. La découverte d'un tel lieu aux allures de
commencement du monde n’a pu le laisser insensible.
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l'ascension jusqu’au sommet, s’offre alors une vue panoramique sur l'ensemble
de l'archipel dont on dit qu’elle serait la plus belle des Galapagos. Cela
ressemble en effet à la perfection, de celle du Sahara sous la lumière rasante de
l'aube, des neiges éternelles du Mont-Blanc derrière les Aiguilles du Midi au
couché du soleil, ou encore des plaines africaines quand paissent les grands
herbivores sous les acacias.
Nous
redescendons encore ébahis par un tel spectacle jusqu’à une petite plage de
sable blanc où lézardent quelques iguanes aux cotés de démonstratifs lions de
mer. Plus loin un pélican perché sur un gros rocher semble surveiller nonchalamment
la scène, tandis que quelques pingouins plongent tels des torpilles à la poursuite
de leurs poissons favoris.
Le temps
d’enfiler combinaisons, palmes et masques pour s’immerger dans la troisième dimension
et se retrouver au milieu d’un
foisonnement de vie : innombrables poissons de toutes sortes, toutes
tailles, déclinant les couleurs de l’arc en ciel sous la lumière diffractée du
soleil de midi à travers le lagon, comme si la nature aride de la surface
compensait par une explosion de vie subaquatique ; là où tout a commencé.
Or cela
Darwin n’a pas pu le contempler, faute d’équipement. Et même s’il est possible d’en
percevoir en transparence une infime partie depuis la surface, accéder à cette
dimension change complètement notre vision de la vie sur la planète tant cette
diversité « cachée » apparait essentielle et fragile à la fois.
Je me demande quelle aurait pu être la pensée de Darwin s'il avait pu le voir aussi ?
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