vendredi 7 mars 2014

l'île mystérieuse



Nous cabotons entre les îles comme a pu le faire Darwin lors de son expédition.
Les flaveurs de la cuisine remontent sur le pont, œufs brouillés préparés pour le petit déjeuner de l'équipage. On ne nous a servi que de mauvais sandwichs. Aucune importance, nous ne sommes pas là pour ça.
C'est la bonne heure, celle où le soleil distille encore une caresse agréable avant que la fournaise équatoriale n'agresse le voyageur non acclimaté.
Longeant la bande côtière de Santa Cruz, l'île presque ronde au cœur de l'archipel, nous découvrons les cactus géants à tronc d'arbre, innombrables totems s'élevant sur le sol basaltique sorti des entrailles terrestre pour émerger, à une époque géologique encore récente, en volcans actifs au dessus de l’océan.
Le capitaine fait jeter l'encre à quelques encablures de la terre ferme que nous rejoignons avec l'annexe. Dans les rochers humides sur la grève, un jardin d'enfants de lion de mer où adultes et juvéniles jouent en adoptant des expressions si proches des nôtres qu'elles en deviennent presque troublantes. A l'ombre des cactus, les iguanes lézardent aux cotés d'oiseaux nichant à même le sol.
Dans une odeur prononcée de guano (terme élégamment employé par les naturalistes pour parler des « merdes d’oiseaux »), nous marchons parmi toute cette faune extraordinaire comme si de rien n'était, enjambant les mini dinosaures et autres oiseaux aucunement effrayés par notre présence.
Par une pente douce nous rejoignons une falaise surplombant verticalement l’océan. Vue plongeante sur l'eau cristalline laissant apparaitre en transparence des bancs de poissons comme des volées d’hirondelles sur fond de ciel bleu. Saisissante impression de se retrouver plongé dans un des merveilleux documentaires naturalistes de la « National Geographic Society ».

Et Darwin dans tout cela ?
A peine arrivé, il découvre cette nature unique qui lui « saute à la gueule » presque brutalement, sans doute très loin d’avoir pu imaginer la réalité maladroitement décrite par quelques aventuriers venus ici pour tout autre chose.
Découverte est alors le mot exact de la situation extraordinaire dans laquelle il se trouve, observant pour la première fois avec un regard de naturaliste toutes ces espèces endémiques d'un écosystème unique où l'homme n'avait pas trouvé sa place. Pas étonnant que dans ce contexte tout à fait singulier, ce tout jeune homme à la curiosité aiguisé doublée d’une créativité d'explorateur, ait effectivement pu faire germer des idées nouvelles sur l'évolution des espèces.

Et si nous touchions là aussi l’origine de l'imaginaire collectif développé autour de ces îles mystérieuses ?

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