Les
flaveurs de la cuisine remontent sur le pont, œufs brouillés préparés pour le
petit déjeuner de l'équipage. On ne nous a servi que de mauvais sandwichs.
Aucune importance, nous ne sommes pas là pour ça.
C'est la
bonne heure, celle où le soleil distille encore une caresse agréable avant que
la fournaise équatoriale n'agresse le voyageur non acclimaté.
Longeant
la bande côtière de Santa Cruz, l'île presque ronde au cœur de l'archipel, nous
découvrons les cactus géants à tronc d'arbre, innombrables totems s'élevant sur
le sol basaltique sorti des entrailles terrestre pour émerger, à une époque géologique encore récente, en volcans actifs
au dessus de l’océan.
Le
capitaine fait jeter l'encre à quelques encablures de la terre ferme que nous
rejoignons avec l'annexe. Dans les rochers humides sur la grève, un jardin
d'enfants de lion de mer où adultes et juvéniles jouent en adoptant des
expressions si proches des nôtres qu'elles en deviennent presque troublantes. A
l'ombre des cactus, les iguanes lézardent aux cotés d'oiseaux nichant à même le
sol.
Dans une
odeur prononcée de guano (terme élégamment employé par les naturalistes pour
parler des « merdes d’oiseaux »), nous marchons parmi toute cette
faune extraordinaire comme si de rien n'était, enjambant les mini dinosaures et
autres oiseaux aucunement effrayés par notre présence.
Par une
pente douce nous rejoignons une falaise surplombant verticalement l’océan. Vue
plongeante sur l'eau cristalline laissant apparaitre en transparence des bancs
de poissons comme des volées d’hirondelles sur fond de ciel bleu. Saisissante
impression de se retrouver plongé dans un des merveilleux documentaires
naturalistes de la « National Geographic Society ».
Et Darwin
dans tout cela ?
A peine
arrivé, il découvre cette nature unique qui lui « saute à la gueule »
presque brutalement, sans doute très loin d’avoir pu imaginer la réalité maladroitement décrite par quelques aventuriers venus ici pour tout autre chose.
Découverte
est alors le mot exact de la situation extraordinaire dans laquelle il se
trouve, observant pour la première fois avec un regard de naturaliste toutes
ces espèces endémiques d'un écosystème unique où l'homme n'avait pas trouvé sa
place. Pas étonnant que dans ce contexte tout à fait singulier, ce tout jeune
homme à la curiosité aiguisé doublée d’une créativité d'explorateur, ait
effectivement pu faire germer des idées nouvelles sur l'évolution des espèces.
Et si
nous touchions là aussi l’origine de l'imaginaire collectif développé autour de ces
îles mystérieuses ?
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