Des Moines, Iowa, USA :
C'est la
fin d'après-midi. Nous roulons vers le "downtown" où un rendez-vous
nous attend. La chaussée de la Locust Avenue encore humide brille sous le
soleil rasant, longue perspective anthracite égayée de feux tricolores
suspendus au bout de grandes perches, comme des photophores accrochés à des roseaux d'acier plantés sur les
bords d'un flot continu d'automobiles.
Mon IPad
sur les genoux je traite à la va vite quelques e.mails quand, arrêté à un
carrefour, je suis distrait par les vociférations
d'un grand gars planté là dans un drôle d'accoutrement : veste jaune fluo,
casquette crasseuse vissée sur la crane, visage poilu comme un hell
angel.
Visiblement
fort exalté, l'individu déclame des phrases inaudibles dans un mégaphone saturé,
et je remarque alors les panneaux qu'ils portent ostensiblement façon homme sandwich
: "turn to Jesus or burn in hell". (Tourne-toi vers Jésus ou brule en
enfer). Sacré programme...
Nos
regards se croisent. De ses yeux exorbités il me fixe un instant tout en continuant ses litanies : un
regard "diabolique" à faire frissonner le commun des mortels. Ce
n'est pas une hallucination, et pourtant les quelques passants ne semblent même
pas y prêter attention.
Le feu
passe au vert.
La voiture redémarre doucement et le visage de cet homme reste
imprimé dans ma mémoire comme une vision d'outre tombe.
Nous sommes en Amérique et chacun peut exprimer
librement ses opinions. Et quand elles concernent Jésus, presque tout est
possible, illustration de cette vision manichéenne parfois tellement simpliste
du « bien » et du « mal » à la sauce américaine.
Et je ne
peux m’empêcher de faire un parallèle en imaginant ce qu'il adviendrait si, de
la même manière, un exalté d'Allah faisait du prosélytisme islamique au coin de
la rue en criant : turn to Allah or burn
in hell !
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