lundi 12 avril 2010

Espace-temps

New-York city, dans un café à l’angle de 8ème Avenue et de la 43ème rue :

Lorsque les premiers explorateurs Européens partaient à la découverte des Amériques, c’était un départ pour le bout du monde, longues navigations incertaines de plusieurs mois, à la voile : fascinant, prometteur et redoutable inconnu idéalisé par l’imaginaire.

Au début du siècle dernier, c’étaient au terme de plusieurs semaines d’un voyage transatlantique exténuant, sur des paquebots à vapeurs surchargés, que les immigrants venus essentiellement d’Europe abordaient l’Amérique par la baie d’Hudson, découvrant la statut de liberté en premier plan de Manhattan, cité extraordinaire pour tous ces gens en quête de terre promise.

Jusque dans les années 50, rien ne semblait devoir changer ce voyage au long court. Et malgré des navires toujours plus gros, plus confortables, plus rapides, dont certains aux noms mythiques - Titanic, Normandie, Queen Mary, France - marqueront l’histoire, parfois de manière dramatique, aborder l’Amérique ne demandaient pas moins d’une semaine de navigation, sorte de parenthèse entre l’ancien et le nouveau monde, parcours initiatique au cours duquel le voyageur avait le temps de se préparer à l’atterrissage sur ce que certains considéraient comme l’Eldorado, début d’une nouvelle vie ou opportunité de faire des affaires sur cette terre de pionniers que les indiens avaient si bien su garder intacte.

Puis l’avion est arrivé, timidement tout d’abord.
Au commencement il y eu le grand Charles Lindbergh qui, à la fin des années 20, surpris le monde avec sa traversée de l’Atlantique, accueilli en héro à son atterrissage au Bourget sous l’extraordinaire ferveur populaire de ceux qui spontanément sentaient le moment historique. Et malgré l’audace d’autres pilotes intrépides tels Costes et Bellonte qui disparurent corps et biens lors de leur tentative de traversée vers l'ouest, ou les exploits de « l’arc ange » Mermoz dans ses vols au dessus de l’atlantique Sud, il fallut attendre l'après guerre pour que le fantastique Lookeed « Constellation », le bien nommé, réduise à un tour d’horloge la grande traversée, confortablement installé dans cet oiseau magnifique dont la cabine pressurisé permettaient de s’affranchir des turbulences des basses couches atmosphériques. D’un coup voyager prenait une autre tournure. Le rêve Américain d’un coup d’aile dans un vaisseau au nom d’étoiles… La révolution était en marche.

Dans les années 50 Boeing inventa le premier jet transatlantique, un appareil révolutionnaire, quadriréacteurs aux ailes en flèches d’une rare élégance que les badots venaient admirer le dimanche lors de ses arrivées quotidienne à Orly. Age d’or où l’aviation faisait encore rêver le grand public, quand les mesures de sécurité n’avaient pas encore transformées les aéroports en « Fort Knox ». Mais le vol transatlantique restait chic, réservé à la « jet-set », ceux qui avaient les moyens de se payer un voyage en jet…
Puis le 747 est arrivé, ouvrant l’aire du voyage aérien de masse.

Mais il fallait allez plus vite…
Et pendant que les américains allaient sur la lune en 3 jours, Français et Britanniques développent Concorde, l’Avion avec un grand A, rapprochant New-York à 3 heures seulement de la vieille Europe ! Fantastique bon en avant. Il était alors question de voyages vers Mars et d’avions spatiaux permettant de relier les antipodes en quelques heures seulement par des vols suborbitaux dans d’extraordinaires avion-fusées : le public rêvait, les ingénieurs imaginaient, les politiques soutenaient les projets, les usines de production employaient ceux-là mêmes qui aspiraient aux voyages.

40 sont passés depuis cet âge d’or où tout semblait possible ; presque un demi-siècle et 2 générations !
Depuis personne n’est plus retourné sur la Lune.
Sur Mars on n’a envoyé que des robots.
Concorde a cessé de volé, sans successeur supersonique.
Peut-être pour la première fois de l’histoire de l’humanité, c’est comme si l’Homme avait renoncé à aller voir plus loin par lui-même, confiant à des machines certes perfectionnées le soin d’explorer les nouvelles frontières. Pour la première fois « nous » avons abandonné l'idée de réduire nos temps de déplacement, admettant que pour longtemps encore New-York ne serait pas à 3 heures de vol de Paris, mais bien à 8.

Bien sûr il y a eu depuis la révolution numérique, celle qui d’un clic nous permet en temps réel, depuis notre ordinateurs ou autre PDA, d’ouvrir une fenêtre sur le monde, réduisant l’espace-temps de l’échange d’informations à la vitesse de la lumière dans les fibres optiques. Progrès inimaginable il y a seulement 20 ans.

L’accès instantané virtuel au monde deviendrait-il plus important que de le vivre soi-même ?

Aucun commentaire: